Lorsqu’en 2012, 65% des électeurs sénégalais avaient voté pour le président Macky Sall, ils le croyaient capable de gérer au mieux particulièrement les ressources naturelles du pays pour l’intérêt de tous. On y était d’autant plus convaincu, qu’il est lui-même géologue de formation, qu’il a travaillé dans le secteur des hydrocarbures et qu’il a occupé toutes les stations les plus prestigieuses dans la gestion de l’Etat du Sénégal. Nous étions tous optimistes sur le fait que le Sénégal serait préserver de la « malédiction du pétrole », surtout qu’il nous promettait de mettre les intérêts de la patrie au-dessus de toute autre considération partisane.
Mais entre-temps, il y a eu l’entrée par effraction de Franck Timis dans nos hydrocarbures, avec l’aide d’Aliou Sall, et tout ce qui en est suivi comme mauvaises pratiques dénoncées par un certain Sonko. Beaucoup de spécialistes des hydrocarbures nous parlent de mauvaise affaire, la cession des blocs à Total, et le partage des ressources avec la Mauritanie fait au détriment du Sénégal. La signature du ministre des mines de l’époque en faveur de Frank Timis violerait parait-il le code minier sénégalais et les accords internationaux qui encadrent le secteur pétrolier. Certains observateurs ne voient pas non plus d’un bon œil la nomination des certains acteurs privés du secteur pétrolier comme ministres conseillers, alors qu’ils sont souvent en affaires avec ceux qui convoitent nos hydrocarbures.
Enfin, les responsables aux commandes des entreprises publiques qui doivent gérer les hydrocarbures sont plus choisis par rapport à leur appartenance à l’APR, que pour leurs compétences, leur expérience ou leur probité. Combien de scandales n’a-t-on pas entendu autour de la SAR, de PETROSEN ces derniers mois. Donc, les problèmes autour des hydrocarbures sont connus et sont souvent le fait d’une mauvaise gestion ou d’une tentative d’accaparement de ces ressources au profit de son clan et pour cela, le président Macky Sall n’a pas besoin d’un dialogue national pour y apporter des solutions. Le peuple sénégalais lui a donné tous les pouvoirs et à lui seul, pour gérer en bon père de famille nos ressources, pour cela point besoin d’appeler à un dialogue refusé par « l’opposition significative », accepté par une autre opposition qui cherche plutôt la bonne occasion d’être convié au partage.
Aujourd’hui la pratique nous démontre qu’il y a deux façons de gérer les ressources en hydrocarbures à travers le monde ; la méthode Nigéria des pays pauvres pour qui le pétrole est un terrible fléau qui les accable et ne fait qu’accélérer l’appauvrissement de la population ; ou la méthode Norvège qui en 1969, était l’un des pays les plus pauvres d’Europe, et aujourd’hui septième exportateur mondial de pétrole et troisième exportateur de gaz, et compte parmi les plus riches du monde, affichant le deuxième PIB par habitant derrière le Luxembourg. Ce dialogue pourrait être utilisé par le gouvernement qui a beaucoup pêché dans la gestion des hydrocarbures, comme une bonne occasion de faire accepter ses erreurs par les populations et de laisser faire et perdurer ce partage de nos ressources entre des dirigeants affairistes et des multinationales qui ont démontré que le développement des pays producteurs est le cadet de leur soucis, la preuve par l’exemple du Gabon avec Total. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les Sénégalais ne pourront pas assister au ballet des bateaux avec des cuves remplies d’hydrocarbures en partance pour la France et mourir de faim au pieds des plateformes pétrolières sans réagir. A bon entendeur salut.
Ibrahima Wade, secrétaire général d’Un Autre Avenir