La frontière du mal !

<< La démagogie est à la démocratie, ce que la prostitution est à l'amour. >> Georges Elgozy

Ce parfum de scandales financiers sur la gestion de l’aide destinées aux citoyens dans le besoin est inacceptable, en cette période de crise sanitaire et économique mondiale. Sans parler de la sortie du ministre des affaires étrangères sur le rapatriement des citoyens sénégalais, décédés du Covid 19 ou non. Dans tous les cas, le moral, la rectitude et le professionnalisme refusent de céder à cette caricature désuète du je m’en foutisme primaire. La stabilité sociétale souvent louée à tort ou à raison, dépasse de très loin cette cacophonie répétitive et outrancière, corollaire d’un manque de volonté et de rigueur intellectuelle, d’une incompétence notoire qui tend vers une boulimie financière inqualifiable. Malheureusement, le citoyen lambda qui ignore ses droits et devoirs, subit forcément le mépris politicien.

L’algorithme qui devait nous éviter les catastrophes du genre s’est révélé complètement étriqué, inefficace face à l’éternel esprit clanique. Des solutions concrètes s’imposent et rien ne se fera dans cette sphère tragi-comédie politicienne, avec des querelles de positionnement foncièrement opportunistes, d’une vacuité qui ne laisse présager rien de bon. Le Sénégal avant tout, devrait être le slogan de tout citoyen épris de justice et de bonne gouvernance, loin des bribes de solutions qui ne laissent entrevoir une lueur d’espoir que dans les yeux des incrédules. Nous citerons Maurice Chapelain : << Tout le monde est opportuniste, mais chacun ne le sait être avec opportunité >>.

Les sénégalais de l’extérieur :

Jadis annoncée comme la quinzième région du Sénégal, la diaspora se sent stigmatisée depuis l’entrée du Covid 19 au pays, et aujourd'hui insultée par nos autorités. Bien loin l’époque où on leur déroulait le tapis rouge, le temps où on leur faisait miroiter des postes de députés à l’Assemblée Nationale Sénégalaise. Nous avions donné notre avis sur le sujet, dans une chronique nommée << Députés ou dépités de la diaspora >> publiée le 23 Juin 2016. Le temps a fait son œuvre. Où sont passés les fameux députés de la diaspora ?
Cependant, il est normal et tout à fait légitime d'être secoué par cette légèreté étatique, car aucun esprit, même cynique à volonté ne peut s’autoriser ce genre de déclaration, envers des compatriotes confinés à l’étranger, dans une psychose permanente. Voici un extrait du Collectif pour le rapatriement des corps des sénégalais décédés à l’étranger, dans un article intitulé << Secours aux Jambars tombés >>:

<< Les arguments avancés pour nous refuser le rapatriement à la terre de nos ancêtres ne tiennent pas la route. Ils ne sont sous-tendus par aucune base scientifique, administrative ou religieuse. La transmission du virus passe par les postillons que le malade rejette lors des toux et éternuements. Et nous savons tous qu'un corps sans vie perd toutes ces fonctions citées précédemment. Il devient donc un objet et on peut en faire ce que l’on veut. Un corps désinfecté et manipulé par des professionnels équipés, reçoit des produits virucides, bactéricides, fongicides pour neutraliser le pouvoir contaminant.

Des établissements spécialisés (pompes funèbres) s'en chargent. Il est ensuite placé dans un sac hermétique désinfecté avec du javel à 0,5 %. En France la directive du haut conseil supérieur de la santé publique du 24 Mars 2020 autorise ces pratiques et donne droit aux parents de venir voir leur défunt pour un dernier salut.
Le seul obstacle reste la conservation du corps pour le transport parce que la thanatopraxie se fait par introduction de formol dans le corps. Or ce gaz peut laisser échapper des fluides par voie nasale ou orale qui peuvent contenir des virus plusieurs heures ou même des jours. La science n’a pas assez de recul pour en savoir la durée exacte.

Cependant des études sont faites sur des surfaces comme le plastique ou l’acier. Pour le moment, ce temps ne dépasse pas les 6 heures. Mais il existe d’autres moyens de conservations comme la glace carbonique, les caisses de température négative pour contourner ces problèmes techniques…
Dès lors nous considérons qu’il est beaucoup moins dangereux de transporter un cercueil hermétique et prêt à être enterré comme tel qu’une boîte de gants achetée au supermarché du coin.
Par conséquent la décision conjointe du ministre de la santé et des affaires étrangères et sénégalais de l’extérieur n’a pas de fondement scientifique encore moins religieux. >>

Spiritualité :

Des citoyens sénégalais se posent des questions légitimes, sur la gestion de la fermeture des lieux de cultes (églises et mosquées) comparés aux << lieux de débauches >> (boîtes de nuits et bars), aux marchés, transports, plages, etc… les rassemblements continuent de jour. Donc l’utilité même de l’état d’urgence et du couvre feu ? Dans une période où le spirituel est appelé au secours, car la science bégaie. Il faudrait penser à des solutions comme cela s’est fait ailleurs sur les mesures d’hygiène et de sécurité dans les lieux de culte, car un croyant ne peut se passer indéfiniment de la prière. Le socle de notre bon vivre ensemble malgré les quelques soubresauts citoyens et remous politiques, est purement culturel. Une véritable richesse qui a su résister au temps et à la colonisation.

Les cousinages ethniques et nominatifs sont un gage d’humanisme, de fraternité et de cohésion nationale que nulle médiocrité politicienne ne pourrait jamais altérer. Cependant, une crise politique, sociale et économique, peut déclencher n’importe quel type de catastrophe. Alors respectons-nous davantage, en cherchant le meilleur pour nous-mêmes et pour les autres. Il est tout à fait possible, en impliquant toujours chaque partie de notre diversité quand il s’agit de prendre des décisions importantes ; des idées émanant de tous bords. Ainsi personne ne sera oublié, personne ne se sentira lésé, car << on ne s’oublie pas >>.

L'Afrique :

Les grands discours n’ont jamais vraiment changé les choses, mais contribuent d’une certaine manière à la conscientisation des masses. Et un peuple conscient est un peuple debout, prêt à prendre les rênes de sa destinée. On ne peut être totalement sur la même longueur d’onde. Car chaque esprit fertile vagabonde à sa guise, mais l’objectif reste le même : au-delà du Sénégal, une Afrique unie, debout, libre et prospère. Sur cela, nous serons toujours en phase. L’histoire des vaccins, le nombre de futurs décès annoncés en Afrique, et le paternalisme condescendants de certains dirigeants occidentaux qui n’arrivent pas à gérer le chaos total chez eux, est une autre aberration. << Un homme averti en vaut deux >>, on est censés se compléter, non se combattre, en tant qu’ africains face au danger imminent qui nous guette.

Bocar GUEYE