Dépression présidentielle !

En vacance au sud de la France, le Président Sall nous a envoyé une carte postale qui plonge les Sénégalais romantiques dans l'extase. Il semble, à côté de son épouse, retrouver ses 20 ans. Période où le désir semble se manifester.

Et il lui a fallu se pavaner jusqu’au pays de Marianne, pour retrouver ses envies et les exprimer publiquement. Désormais, les désirs du président se constatent. Le cadre républicain s’est déplacé vers les états d'âme de l'homme qui incarne la République. Nous avons un Président un peu spécial.

En lisant l’interview qu’il a accordé à nos confrères de Rfi en marge du sommet du G7, on ne peut que s’exclamer. "Qu'arrive t-il à notre Président ! 

Jeu sordide de pouvoir

Les Sénégalais, à travers cette interview, ont découvert un président rancunier et vindicatif, qui n'éprouve aucune gêne à étaler ses humeurs labiles, empreintes de royauté. Répondant à la question sur les révélations de la presse soutenant qu’il avait envisagé de gracier l’ex maire de Dakar lors de la fêtne de Tabaski, le monarque républicaine balancera que « Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai comme j’ai eu à le faire. »

Voilà ce que notre bien aimé Président à larguer à nos confrères. Il oublie qu’il n'a pas été élu pour diriger le pays en fonction de ses désirs ou desideratas. « La décrispation » dont il dit qu’elle « ne saurait être réduite à une dimension de grâce », fait partie intégrante ce que le peuple attend lui. Lui, la clé de voute des institutions, a l’obligation d’œuvrer pour la décrispation.

Malheureusement, par un jeu sordide de pouvoir et de protection de ses arrières, il a transformé le débat inhérent à l'émulation de la démocratie, en invectives et insultes. Ce jeu dangereux, entretenu par les hommes politiques, est un couteau à double tranchant. Parce que le pouvoir à vocation à changer de main. Et les bourreaux d’aujourd’hui, seront les victimes de demain.

Démocratie dévoyée.

La classe politique dans son entièreté, a dévoyé l'espace politique, qu’ils ont détourné en haine et règlements de comptes. Et l'acteur principal de cette décadence est le président de République. Sa posture partisane et clanique, lui soustrait sa carrure présidentielle, voire républicaine.

Le dialogue qui est notre héritage séculaire, né de la civilisation de l'oralité, est sérieusement éprouvé par notre système politique peu crédible et peu respectable. De ce fait, le manque de crédibilité et respectabilité sont devenus le talon d'Achille de notre démocratie.

Mais apparemment, Macky Sall qui a été élu sur la base d'un programme que certains compatriotes pensent rationnel ou raisonnable et non désirable, n’en a rien à faire. Son pouvoir discrétionnaire de grâce doit être paré par le sens de la responsabilité républicaine, qui voudrait que l'autorité s’abstienne de nous exposer ses désirs.

Car ceux-ci peuvent être pulsionnels. Et tout ce qui est pulsionnel échappe à la raison. Il lui est loisible d'accorder ou non la grâce à Khalifa Sall. C’est son droit le plus absolu, car c’est ce qui lui confère notre charte fondamentale. Mais de grâce, qu’il nous épargne de ses désirs, pulsions ou humeurs.

KMGN-ReseauNews