Si Macky Sall n’a bien qu’un seul motif de se réjouir du scrutin du dimanche 31 juillet c’est le taux de participation, même si celui-ci est loin d’atteindre les résultats qu’on est en droit d’espérer en démocratie. Ne dit-on pas « faute de grives, on mange des merles ».
Pour le reste ces élections législatives constituent un camouflet pour le chef de l’Etat. A double titre, car ce vote, au-delà de condamner sa politique, sanctionne sa personne et l’oblige à renoncer à un troisième mandat. Il en rêvait et les sénégalais lui ont signifié son bon de sortie en 2024.
Pour la première fois depuis l’indépendance du Sénégal, voici soixante ans, le président a perdu la majorité absolue à l’Assemblée nationale et il ne l’emporte sur l’opposition que d’une courte tête. Ce fait est historique et il n’y a pas là de quoi pavoiser après douze ans de pouvoir absolu. Il lui faudra désormais pour les deux ans à venir palabrer avec quelques députés qui ne manqueront pas d’aller à la soupe s’il veut faire passer certains textes de loi.
Plus que de compromis, il s’agira de compromission.
Ce résultat témoigne aussi de l’état de décomposition politique dans lequel il s’apprête à laisser le pays. Par son inaction il a permis la montée en puissance de Yewwi Askan Wi avec le Pastef d’Ousmane Sonko, dont les thèses jusqu’au-boutistes sont inquiétantes pour l’avenir du Sénégal et exhumé un fantôme, Abdoulaye Wade, âgé de 96 ans avec sa coalition Wallu Sénégal. En clair il a très directement favorisé un responsable politique radical et un homme du passé. Il n’a pas de quoi être fier, ni parader.
Ce résultat conforte l’analyse que je porte depuis quelques années avec mon mouvement « Un Autre Avenir » et mon engagement à proposer dans deux ans une alternative au pays. Quel serait en effet l’avenir du Sénégal avec un homme qui a été à l’origine d’émeutes populaires qui ont fait voici quelques mois de nombreuses victimes parmi la population, je veux parler d’Ousmane Sonko ? Et quel serait l’avenir de la jeunesse avec un vieillard, où son prête-nom, dont le futur se conjugue au passé et à l’imparfait.
Nous avons deux ans avec mes amis pour offrir aux sénégalaises et aux sénégalais un autre chemin que ces deux voies sans issue. A nous d’offrir à nos compatriotes des perspectives d’avenir en matière de développement économique, de protection sociale, de santé, d’éducation et de formation, de sécurité. Deux ans pour proposer des solutions d’emploi à nos jeunes, en particulier par la création d’entreprises, afin qu’ils restent au pays et ne choisissent plus les routes de l’exil, deux ans pour que les femmes trouvent leur juste place dans notre société. Deux ans pour éviter que le pays ne soit plongé dans une aventure sans lendemain. Les sénégalaises et les sénégalais méritent mieux que l’offre politique qui leur est aujourd’hui proposée, dangereuse pour l’une et anesthésiante pour l’autre, deux ans pour leur offrir un autre avenir.
Nous avons deux ans, le compte à rebours est lancé, il n’y a plus une minute à perdre.
Ibrahima Thiam, président du mouvement « Un Autre Avenir ».