Suite à la diffusion de l’enquête de la BBC sur le scandale pétrolier et gazier qui secoue depuis lors le Sénégal, la ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, Ndèye Tické Ndiaye, par ailleurs, porte-parole du gouvernement, a organisé une conférence de presse pour botter en touche le reportage très documenté de la chaîne britannique.
Sauf que pour les professionnels de la communication, ce face-à-face avec la presse était une véritable torture. Un vrai massacre. C’est comme si madame la ministre ne savait pas lire. On se croirait avoir en face, un élève de primaire en apprentissage de lecture.
Ce premier grand oral en période de crise devait en principe être très bien managé. Et le discours, ou plutôt, le message à passer devait être limpide. Or, ce qui s’est passé ce fameux mercredi 5 juin, a plutôt augmenté les suspicions. Parce qu’en butant sur les mots et hésitant, la ministre a donné l’impression de ne pas être sûre d’elle. Ou peut-être, du message qu’elle est en train de délivrer.
Réunion avec le Cabinet le 4 Juin
Du coup, ReseauNews a voulu en savoir un peu plus sur ce qui passé ce jour-là. Et après presque 3 semaines d’investigation, nous sommes en mesure d’affirmer sans risque d’être démenti, que le document lu par la ministre a été produit par les Services de Communication et quelques juristes de la Présidence de la République.
D’après diverses sources du Ministère de l’Economie numérique et des Télécommunications, la veille, c’est-à-dire le mardi 4 juin, alors que la communauté Tidiane fêtait la korité, madame Ndèye Tické Ndiaye a mobilisé quelques hauts cadres de son Cabinet pour une réunion qui s’est éternisée jusqu’aux environs de 14H. D’ailleurs, l’une de nos sources nous a fait savoir que certains participants à cette rencontre était furieux car ils vouaient passer la fête en famille.
La réunion avait pour objet de voir s’il fallait réagir ou non au document de la BBC. Et les avis étaient partagés à ce sujet, nous rapporte-t-elle. Ce qui fait qu’à la fin de la réunion, « personne n’était en mesure de dire ce qui est retenu », avoue-t-elle.
Sorti du Palais à 3H du matin
Mais au moment où la réunion prenait fin au Ministère et qu’enfin, les participants pouvaient rentrer chez eux et profiter de la fête en famille, la ministre a pris la direction du Palais. A-t-elle rencontré le Président de la République ? Sûrement. Mais aucune source fiable de ReseauNews ne confirme le rendez-vous.
Mais nous voyons mal, dans un tel contexte de crise, que la ministre porte-parole du Gouvernement se rendre à la Présidence sans y rencontrer le locataire. C’est quasi impossible. Mais une chose est cependant sûr, c’est qu’elle n’est pas allée au Palais pour se prélasser.
En effet, après sa réunion marathonienne avec son cabinet, c’est à une autre rencontre, encore beaucoup plus longue, que la ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, porte-parole du Gouvernement, est allée assister.
Manque de rigueur du ministre
Refusant de donner les noms de ceux et celles qui étaient autour de la table, notre informateur révèlera juste que la ministre n’est ressortie du Palais qu’aux environs de 2H ou 3H du matin. Et elle ne serait pas sortie les mains vides. Puisque c’est lors de cette réunion que le fameux mémorandum a été produit et imprimé. Et elle en est ressortie avec au moins, un exemplaire.
Donc, tout ce qui y est dit est dicté par le Palais. « Le Ministère n’y a aucune virgule », assène notre interlocuteur, pour qui le ministre ne s’est pas approprié le contenu du document. Ce qui explique d’après lui, ses hésitations et qu’elle bute sur certains mots lors de la conférence de presse.
« La vérité est que la ministre n’a pas pris très au sérieux le fait qu’elle devait faire une mise en bouche du texte pour se l’approprier », tonne un haut cadre de la Présidence de la République. Pourquoi ? « Parce qu’elle a eue le texte la veille, et elle avait largement le temps pour maîtriser les grands axes de son contenu », regrette-t-il.
Mais à la décharge du ministre, c’est qu’elle était épuisée par tant d’heures d’efforts intellectuels dans un contexte de fête. Cependant quand on est ministre, on doit être prêt à avoir ce genre de planning.
ReseauNews