L’ancien directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest, Alioune Tine, s’est dit «préoccupé» par le cas Adama Gaye, journaliste sénégalais, qui a entamé une grève de la faim, ce lundi matin, à Rebeuss. «Nous sommes gravement préoccupés par la décision que le journaliste Adama Gaye a prise de faire une grève de la faim totale avec son état de santé.
Nous pensons qu’il faut absolument le libérer, il n’aurait jamais dû être en prison, il a nié certains écrits qu’on lui reproche, son compte Facebook ayant fait l’objet d’un piratage», a-t-il déclaré dans un bref entretien téléphonique avec Seneweb. Le droit-de-l’hommiste considère en effet que le délit d’offense au chef de l’État est obsolète. «Nous le combattons depuis les années 90. Il est totalement absurde dans un contexte où le Président est très fort et chef de parti», a ajouté le président du laboratoire Afrikajom Center.
Par ailleurs, Alioune Tine pense que les longues détentions préventives prouvent à la fois les «défaillances et les dysfonctionnements» de la justice pénale à savoir, d’après lui, le manque de personnel, de moyens humains, matériels et financiers.
«Une justice pénale qui fonctionne exclusivement sur l’enfermement qui aurait dû être l’exception et qui est devenu la norme. Il nous faut repenser collectivement notre justice pénale, adopter une loi sur la présomption d’innocence permettant de faire de l'enfermement une exception», a notamment plaidé l’ancien président d’Amnesty pour l’Afrique de l’Ouest qui invite à faire recours à de nouvelles alternatives à la prison, des peines alternatives, des prisons en milieu ouvert, recours à des contraventions pour certains délits et des travaux d'intérêts publics. Car, dira-t-il, «avec des prisons surpeuplées, il faut construire de nouvelles prisons, respecter les règles minima et la dignité humaine des détenus.
Nos prisons ont été construites pendant la période coloniale et elles sont une reproduction pâle et archaïque d’une vision très dépassée d’une politique pénale répressive et peu soucieuse du respect de la dignité humaine».
Dakarmatin