“L’Afrique n’est pas le Brésil” déclare Njack Kane en parlant d’un schéma d’équilibre entre le capital foncier et le capital financier. “Au Sénégal, Babacar Ngom, le patron du groupe Sedima, a beaucoup de mérite. C’est un capitaine d’industrie parti de rien, qui a construit sa réussite non pas sur l’immobilier mais sur l’économie réelle. Cela dit, il a comme beaucoup d’investisseurs, commis une erreur d’approche…”
En clair pour Njack Kane, il faut dans ce cas comme dans celui plus ancien de Demet (Ile à Morphil) ou encore de Podor, “futur grenier de l’Afrique si l’on prend les bonnes décisions”, une approche nouvelle fondée sur l’équilibre entre le capital foncier et le capital financier. “Des schémas existent, déclare l’ancien trader genevois en prenant exemple sur l Ghana où il intervient en ce moment sur un programme national mettant en avant de tels équilibres. “Les terres ne doivent pas rester en friche. Les paysans ne doivent pas être dépossédés. Et l’investisseur a besoin de rentabilité”. Voilà l’équation qui se pose à l’Agriculture. Sa résolution conduit à “la souveraineté nationale et régionale, nécessaire pour soulager la balance des paiements de nos Etats et créer des emplois”.
Cela passe par des mesures fortes”, déclare Njack Kane, appelant à voir dans cette crise du coronavirus, “un accélérateur” qui n’est pas sans reposer la question de la pertinence d’une trop forte dépendance de l’Afrique par rapport à l’Asie. La crise alimentaire de 2008 née des décisions de quelques pays exportateurs du riz à fournir d’abord leurs marchés nationaux est encore vive dans les mémoires.