Après des heures de silence, la 2STV a finalement démenti la rumeur qui circulait sur les réseaux sociaux et reprise par de nombreux sites, faisant état que le boss de cette télévision privée aurait décidé de bannir de sa télé le très controversé Clédor Sène, un criminel qui n’est plus à présenter au Sénégal.
Car l’homme est associé à l’une des pages politiques et judiciaires les plus troublantes du Sénégal postindépendance. Ancien desperado, Clédor Séne, coupable de l’assassinat du juge constitutionnel Maître Babacar Séye après les élections de 1993, a été jugé, condamné, gracié par le président Wade, puis amnistié par le régime libéral avec la loi scélérate dite « loi Ezzan ».
Ce débat qui a enflé sur les réseaux entre pro et anti « mesure El Hadj Ndaiye » qui n’en est pas une, a révélé au moins un fait. Les Sénégalais sont encore marqués par cet assassinat de Me Babacar Sèye.
Les journalistes et acteurs politiques, hormis l’opposition de l’époque, ne doutent aucunement de la culpabilité de cet ancien membre du service d’ordre du parti démocratique sénégalais, dans cet assassinat.
Des assassins et violeurs qui refusent de faire profil bas
La polémique a fait émerger deux positions antagonistes. L’une d’elle radicale, voudrait que le pauvre Clédor Séne n’ait pas droit à une autre vie citoyenne et engagée du fait de son casier judiciaire ensanglanté. Et de ce fait, n’est pas digne d’être invité sur les plateaux de télés et studios radios. De l’autre, celle qui milite pour la liberté d’expression et dont les plus fanatiques voient Clédor comme « un patriote » qui défend les intérêts du Sénégal face à la famille prédatrice du Président de la République.
Il faut l’avouer, ça doit être une torture pour la famille du défunt juge constitutionnel, de voir le bourreau de Me Sèye se pavaner de plateau en plateau, et de studio en studio. C’est pourquoi beaucoup militent pour que cet ancien bagnard amnistié, n’ait pas droit au chapitre sur les grands sujets touchant à la vie nationale.
Cette opposition révèle aussi la responsabilité de la presse. Par corporatisme automatique et non rationnel, on accepte dans l'espace médiatique des personnes aussi infrequentables que Clédor Sène. Parce qu'il est inconcevable dans les démocraties achevées, de mettre sous le feu des projecteurs, un repris de justice coupable de l’assassinat d’un juge constitutionnel ou d'un violeur.
Un tel criminel, même s’il a payé pour son crime, devait faire profil bas, et la presse ne devait pas lui dérouler un tapis rouge pour qu’il essaie de se racheter une virginité.
Responsabilité des universitaires
Autant Clédor Sène doit être banni de l’espace médiatique, autant Cheikh Yérim Seck doit aussi l’être. Si l’un est un assassin, l’autre est un violeur, jugé, condamné et gracié. Ces deux hommes devaient se taire ou se terrer . Mais au Sénégal, le sens de l’honneur a cédé le pas au déshonneur.
Le Sénégal doit certainement être le seul pays où la presse s’arrache des assassins et des violeurs. Et c’est honteux. Car la vocation de la presse est pédagogique. Mais au fond, on ne peut pas condamner la presse. Parce qu’au pays de Senghor, les spécialistes et les universitaires boudent souvent la presse. Conséquence ? Celle-ci se rabat sur la pourriture qui accepte volontiers de jouer au savant, alors qu’elle ne maîtrise même pas leur foyer conjugal.
Alors, autant que la presse, les universitaires sénégalais sont aussi responsables de cette pollution de la presse par les has-been en quête d’une rédemption. Parce qu’il est inconcevable que Clédor Sène, quel que soit son niveau de documentation sur les ressources pétrolières, gazières et sa hargne, se prévalent du titre d’expert en la matière au nez et à la barbe des grands universitaires et connaisseurs sénégalais de ces secteurs. Il n’a ni la carrure, ni le niveau intellectuel pour soutenir un discours logique et cohérent sur les questions techniques touchant ces secteurs.
ReseauNews