« Le tribunal confirme le jugement pour Khalifa Sall », a indiqué ce jeudi lors d'une audience publique le président de la cour d'appel de Dakar. Le maire de la capitale sénégalaise a donc été condamné en appel à cinq ans de prison ferme pour escroquerie portant sur des fonds publics et « faux en écriture », pour le détournement d'environ 2,5 millions d'euros prélevés entre 2011 et 2015 sur les caisses de la Ville de Dakar. Une décision qui confirme la peine infligée en première instance et l'écarte de la course à l'élection présidentielle sénégalaise. En l'état, ce socialiste dissident de 62 ans ne peut pas se présenter pour défier dans les urnes le président sortant Macky Sall en février 2019, comme il en avait l'intention, mais il lui reste la possibilité d'introduire un recours devant la Cour suprême.
Un verdict sans surprise
La cour d'appel a également condamné l'édile de Dakar et trois de ses huit coaccusés à verser « solidairement » la somme de 1,8 milliard de francs CFA (environ 2,75 millions d'euros) à l'Etat du Sénégal.
« Ce n'est pas une surprise. Tout le monde sait que la justice a choisi de s'aligner au pouvoir exécutif. L'état de droit a disparu, on ne peut pas comprendre que des juges aient choisis de poursuivre des objectifs politiques au lieu que de poursuivre l'idéale de justice », a réagit l'un de ses avocats, Me Cire Clodore Ly cité par la presse locale avant d'ajouter que « le pouvoir judiciaire a perdu toute sa crédibilité. »
Khalifa Sall, avait saisi la juridiction après sa condamnation en première instance par le tribunal correctionnel de Dakar, le 30 mars, à 5 ans de prison ferme pour escroquerie portant sur un montant de 1,8 milliard de francs CFA. Il était jugé dans le cadre de l'affaire de la gestion de la caisse d'avance de la ville de Dakar, pour laquelle il était poursuivi en même temps que 7 autres de ses collaborateurs.
Le procès en appel s'était ouvert le 9 juillet, mais Khalifa Sall et ses avocats s'étaient retirés de l'audience en réaction à la décision du président de la cour d'appel de Dakar de joindre au fond du dossier les exceptions de nullité qu'ils avaient soulevées.
Le juge Demba Kandji n'avait notamment pas une suite favorable aux demandes d'annulation de la procédure ayant abouti à la condamnation en première instance de l'édile de la capitale à cinq ans d'emprisonnement et une amende de cinq millions de francs CFA.
Les conseils du maire de Dakar et de ses coaccusés s'étaient appuyés sur un arrêt de la Cour de justice de la Cedeao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) qualifiant d'« inéquitable » le procès en première instance, tout en pointant le non-respect du droit à assistance d'un avocat lors de l'ouverture de l'enquête de police.
Des ambitions présidentielles contrariées
Dans la foulée de ce retrait, Khalifa Sall avait fait publier une déclaration pour en expliquer les raisons et annoncer en même temps sa candidature à la présidentielle de février prochain.
Maire de Dakar depuis 2009, Khalifa Sall, dissident du Parti socialiste (PS) et de la majorité présidentielle, affirme que les poursuites judiciaires à son encontre visent à l'empêcher de se présenter à la présidentielle de 2019, ce que démentent les responsables de la majorité.