Commissaire Sangaré doit certainement cogiter sur la meute qui hurle contre lui depuis quelques heures. Rarement, les Sénégalais, de façon unanime, ont exprimé leur colère face à une situation qui est décrite et vécue par tous, comme un abus de pouvoir inadmissible.
Et il a fallu qu’un commissaire de police outrepasse ses prérogatives pour qu’enfin, toute une République exige des sanctions. Et malheureusement, c'est le commissaire Sangaré, boss du Commissariat des Parcelles Assainies qui en fait les frais.
Pourtant, l’injustice subie par le pharmacien rythme le quotidien de beaucoup de Sénégalais. Les hommes de lois sont pour la plupart des desperados.
Et ils sont loin d’être les seuls. Au Sénégal, dès qu’on a une minuscule parcelle de pouvoir, on en abuse. Les premiers à adopter cette posture anti-citoyen sont ceux qui gouvernent le pays aujourd’hui.
Il n’y a guère longtemps, un ministre du nom de Moustapha Diop, surnommé de manière désinvolte, « xaaley buzz », avait éconduit une mission de la Cour des Comptes, coupable à ses yeux, de mener une mission de vérification au niveau de son Ministère. Une mission que lui confèrent pourtant les lois de la République.
Une décision prise par contrainte
Ne se limitant pas seulement à éconduire les hauts magistrats, il les a couverts d’injures, obligeant l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) et la Cour des comptes, à demander des sanctions au Président de la République contre son ministre. Une demande restée lettre morte.
Cette affaire du commissaire Sangaré est révélatrice de l'insolence et du sentiment d'impunité qu'ont les forces de l'ordre au Sénégal. Pour une fois, l'autorité a pris une décision forte. Après, le flagrant délit était si perceptible que le Ministère de tutelle n'avait pas d’autre choix que de sévir.
C’est pourquoi il ne faut pas se réjouir de la décision prise par le ministre de relever le commissaire Sangaré de ses fonctions. Parce que s'il n'y avait pas des images de la vidéosurveillance, rien n'allait se passer, même si le commissaire était fautif. La décision a été prise parce que le ministre n'avait pas le choix.
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