Dans quelques semaines, le Sénégal aura un nouveau Gouvernement. Et deux têtes bien faites se détachent pour le moment pour occuper le poste tant convoiter de Premier ministre. Il s’agit d’Amadou Bâ, ministre de l’Economie et des Finances, et de Mouhamadou Makhtar Cissé, Directeur Général de la Senelec. Aujourd’hui, focus sur l’argentier de l’Etat.
Comme promis, ReseauNews vous plonge à coup de confidences sur le réseau d’Amadou Ba. L’homme n’est plus à présenter. Le tout Dakar ne parle que de lui. Il a fait la presque totalité de sa carrière au sein de la Direction des Impôts et Domaines. Une riche carrière qui connaîtra son couronnement en novembre 2006, quand il a été nommé Directeur Général des Impôts et Domaines.
C’est à ce poste très convoité et hautement sensible que toute la République va découvrir le travailleur écharné qu’est Amadou Bâ. En effet, c’est sous sa houlette que le nouveau Code Général des Impôts a été rédigé et mis en œuvre. « En tant DG, il ne s’est pas contenté que de superviser la rédaction et la mise en œuvre du nouveau code général des impôts. Il en a fait une affaire presque personnelle avec une implication qu’on voit rarement d’un Directeur Général », confie un des acteurs qui a pris part à cet important chantier de la République.
Amadou Bâ aura le privilège de voir ses années de labeur sur le nouveau Code Général des Impôts couronné, avec son entrée en vigueur en janvier 2013. Avec cette entrée en vigueur du nouveau code qu’il a piloté de bout en bout, c’est comme si l’ancien Inspecteur des Finances avait atteint le plafond et qu’il fallait lui trouver un nouveau challenge.
Le financier de Macky Sall en 2012
Et pour récompenser ce travail titanesque accompli, rien de mieux qu’une promotion ministérielle. Mais pas n’importe quel portefeuille. La récompense doit être à la hauteur du standing de l’homme, et du travail qu’il a fait. Et pour cela, rien de mieux que de lui confier le département qu’il connait le mieux : les Finances. Dès lors, tout n’était qu’une question de timing.
Mais le moment ne saurait tarder. Puisque le 2 septembre 2013, lors de la formation du gouvernement d’Aminata Touré, Amadou Bâ décrochera le jackpot en se voyant octroyer le Ministère de l’Économie et des Finances, en remplacement d'Amadou Kane qui venait de quitter définitivement le gouvernement.
Ce que le public ignore, c’est qu’Amadou Bâ n’est pas qu’un simple responsable de la formation présidentielle. En effet, l’argentier de l’Etat fait partie de ceux qui ont dans l’ombre, « financer la campagne présidentielle du candidat Macky Sall en 2012 », nous confie un de ses proches.
Qui ajoute qu’avant l’accession de Macky Sall au pouvoir, peu de gens le connaissait, mais que les habitués du fondateur de l’APR et les ténors de son parti le connaissaient très bien. Peu bavard, « c’est un bosseur acharné », témoigne-t-elle. Une qualité qui n’est pas à négliger dans ce second mandat de Macky Sall.
La conquête des Parcelles à coût de milliards
Mais contrairement à certains « grands parleurs de l’APR, il ne crie pas sur tous les toits qu’il a financé la campagne de Macky sall », relève notre interlocuteur. Devenu incontournable dans la galaxie gouvernementale, Amadou Bâ incarne ce que les hommes et les femmes ambitieux concentrent.
D’un côté, ses détracteurs, et de l’autre, ses admirateurs qui le voient bien au 9ème étage du Building Administratif. « Cette idée a commencé à germer dans l’esprit des pro Amadou Ba vers la deuxième moitié du septennat de Macky Sall », relève cet habitué des arcanes du parti présidentiel.
Cette longue marche vers cet étage qui incarne aussi la haute hiérarchie étatique, doit passer par une main basse sur la Primature, croient ses inconditionnels. Une ambition qui ne fait pas que des heureux. Avec cette ambition affichée, l’ancien directeur des Impôts et Domaines s’est fait beaucoup d’ennemis.
Réputé être très liquide, l’énarque ne lésine pas sur les moyens quand il vise un objectif. L’une de ses premières victimes n’est personne d’autre que Mbaye Ndiaye, premier ministre de l‘Intérieur de l’ère Macky Sall.
Les courbettes de la presse
L’homme qui régnait en maître aux Parcelles Assainies et était le bras droit du chef de l’Etat s’est littéralement effacé au profit d’Amadou Bâ. A tel point qu’aujourd’hui, quand on parle des Parcelles Assainies, on n’oublie même qu’il y a Mbaye Ndiaye.
Cette bourgade dakaroise est devenue la chasse gardée de l’homme qui fait courir tout Dakar. Les milliards de francs CFA qu’il y a distribués ont eu raison de tous les acteurs politiques locaux qui y peinent à se faire entendre. Moussa Sy, le maire de la localité qui était censé lui apporter la réplique à migrer vers la mouvance présidentielle.
Aujourd’hui, la seule personnalité locale de l’opposition qui semble avoir un aura national pour essayer de tenir la dragée au monstrueux Amadou Bâ est Thierno Bocoum, président du mouvement AGIR. Mais à lui seul, il ne pèse pas grand-chose, pour ne pas dire rien, face à la toute puissante machine à cash et à gagner de la mouvance présidentielle.
Ayant pris son aisance sur l’Avenue Carde, « il a ses hommes de confiance partout, et même dans les familles maraboutiques », soutient notre source. Travaillant à polir son image, celui qui rêve de la Primature dispose d’un puissant réseau dans la presse. Certaines Rédactions des grands groupes de presse du pays s’agenouillent devant lui.
La Mairie de Dakar en ligne de mire
En homme intelligent, il fait l’effort de réduire au minimum ses adversaires. Et à ce jeu, sa force de frappe financière lui est très utile. « Cela lui permet de régler beaucoup de problèmes politiques et de rallier à lui certains de ses détracteurs », témoigne un des siens qui a pris activement part à la dernière campagne présidentielle auprès de lui.
Seulement voilà. Le poids pris par Amadou Bâ ne plait pas à tous. A Dakar, son irruption volcanique dans le champ politique risque d’éclater le parti au pouvoir. Abdoulaye Diouf Sarr qui était jusque-là la tête de gondole de l’APR dans la capitale est la principale victime de l’ancien Chef du centre des grandes entreprises de la Direction des impôts.
Mais l’homme ne compte pas se laisser faire. Et les prochaines élections locales risquent de révéler de grandes fissures en prélude à la succession de Macky Sall. « Parce qu’Amadou Ba veut faire de la Mairie de Dakar un tremplin en vue de la présidentielle », révèle un de ses proches.
Un autre front qui s’annonce plus ardu que la conquête de la Primature qui est pour le clan de l’argentier de l’Etat, « l’objectif à très court terme ». Une conquête qui rencontre la concurrence d’un autre grand commis de l’Etat, Mouhamadou Makhtar Cissé, dont nous reviendrons sur lui dans un autre article.
ReseauNews