Le président du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) a tiré sa révérence sur la pointe des pieds. Sa maladie était connue de quelques cercles dakarois et parisien. Au final, Ousmane Tanor Dieng est mort comme il a vécu.
Incarnant l’élégance républicaine, le premier secrétaire du parti socilaiste ne s’est jamais mêlé de débats malsains. Il ne s’est jamais donné au déballage. Et Dieu sait qu’il connait beaucoup de choses. De Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf, il est certainement l’un des hommes qui connait le mieux les tares des acteurs politiques et personnalités publiques du Sénégal.
Comme Djibo Leyti Kâ, il a préféré garder son ADN de serviteur de l’Etat jusqu’à dernier souffle. Si politiquement beaucoup peuvent lui reprocher notamment son attitude ou son onction à l’emprisonnement de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, on ne peut pas lui reprocher de s’être renié.
Il a assumé ses échecs et a tenu la maison socialiste après la perte du pouvoir. Des moments souvent très difficiles, ou certains hauts cadres préfèrent migrer vers les nouveaux tenants du pouvoir, aller vers le privé ou les institutions internationales.
Parti avec ses secrets
Mais Tanor lui, est resté droit dans ses bottes. Opposant de Wade, il a toujours cultivé une posture d’homme d’Etat, donnant parfois l’impression qu’il n’est pas un vrai opposant. Mais à y voir, sa différence avec les autres opposants, c’est qu’il connait très bien l’Etat. Un Etat qui lui a tout donné, et dont il a toujours refusé de contribuer à son dénigrement.
Pas très loquace, il n’use pas de superlatifs pour bluffer l’auditoire. Il a préféré être lui-même, avec ses qualités et ses défauts. Certains Socialistes ne lui pardonneront peut-être jamais d’avoir sacrifié l’un de leurs fils le plus valeureux en fermant les yeux sur le sort de Khalifa, mais au-delà de cette terrible tragédie socialo-socialiste, Ousmane Tanor Dieng est celui qui a réussi à revigorer le Partisocialiste après la débâcle des années 2000.
Il a résisté à Wade qui voulait enterrer le parti de Senghor. Son alliance avec Macky Sall qu’il n’a jamais voulu rompre est à son image. C’est à dire, un homme de parole qui, tant que son interlocuteur tiendra ses engagements vis-à-vis de sa formation politique, tiendra les siens, quitte à se mettre à dos une partie de sa famille politique.
Avec sa mort, c’est un pan de l’histoire politique de notre pays qui s’est affaissé. N’ayant pas écrit de mémoire, OTD est parti avec ses secrets. En homme de mystère, il ne pouvait en être autrement. Attendre le contraire de sa part aurait été méconnaître celui qui avec feu Bruno Diatta, incarnait le mieux, l’élégance républicaine.
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