ÊTRE NOIR AU-DELÀ DES SLOGANS ET DU DÉGUISEMENT

Personnellement, j’ai une réserve par rapport aux slogans du genre : « Je suis... ».Le problème avec ces slogans, très souvent motivés par des émotions très poussées et mal contrôlées, est que les gens condamnent, face à l’injustice, toutes les personnes qui ne disent pas la même chose qu’eux. Pour eux, il faut seulement crier le slogan pour montrer qu’on est contre la violence subie par la personne qui n’est plus et que chacun, dans une impuissance inavouée face à l’injustice, voudrait à l’instant réclamer son existence en lui.

Avant hier, j’ai vu un blanc américain « se colorer » le visage et le corps en noir pour s’indigner de la mort « sauvage » de Floyd avec, bien sûr, le slogan : « Je suis Floyd ». L’acte est fort et noble mais, je le pense bien, révèle autre chose liée à un manque de respect à cette couleur qu’il dit défendre, ou du moins par euphémisme, laisse apparaître une mauvaise stratégie d’indignation. Ma lecture de son image « colorée » est que, peut-être dans sa tête et dans la tête de beaucoup d’autres comme lui, le noir est un déguisement, une couverture d’âme...On peut la mettre pour s’indigner et après on redevient blanc...
Une couleur de peau est beaucoup plus qu’un déguisement que l’on met pour le temps du combat contre l’injustice. C’est une philosophie, une identité et des valeurs à préserver et à défendre.

Pour le « racisme » très prononcée ces jours-ci, il nous faut juste savoir que ce ne sont pas seulement les slogans qui vont l’arrêter. Pour faire face à certaines forme d’injustice, en tout cas c’est mon avis, il faut arrêter de jouer à la grâce du Christ : ne pas donner la joue gauche après avoir reçu une gifle sur la droite. Mais frappez avec ses deux mains en même temps que l’ennemi.

Elaz Ndongo THIOYE