Le leader de Réwmi est un homme politique spécial, à l’image de son géniteur politique, Abdoulaye Wade auprès de qui il a appris et pratiqué cette science. Jusqu’en 2000, année où ils soufflent ensemble le vent d’une première alternance politique au Sénégal, grâce à la marche bleue qu’il a initiée alors qu’il était le directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade, Idy avait un destin presque tracé.
Leur arrivée au pouvoir a fait découvrir aux Sénégalais, Ndamal Kadior ou Mara. Un homme reconnu par par certains pour son intelligence, et par d’autres pour sa dévotion qu’il reflète dans ses arguments, étayés par les sourates ou les versets du Coran. Les Sénégalais tomberont encore davantage sur son charme lors de l’éclatement de l’affaire dite des chantiers de Thiés.
Une confrontation politico-politique, judiciarisée par les Wade pour éliminer un adversaire devenu très encombrant pour leur projet funeste de d’évolution monarchique du pouvoir. Ce combat épique et sans merci lui procure davantage d’admiration auprès des Sénégalais.
Mais les postures politiques qu’il a entrepris après sa libération de prison lui sont fatales. L’élan de sympathie de ses fans s’étiole. Beaucoup ne comprenant pas l’allure de caméléon que leur leader a pris. Et si pour certains, il représente un génie politique par sa capacité à produire une réflexion politiquement soutenue et religieusement documentée, il ne bénéficie néanmoins toujours pas, d’une onction populaire à l’image de son pater politique. Les Sénégalais ne lui ont pas encore pardonné.
Une constance politique
Pourtant, il n’a jamais ravalé ses vomissures comme les affamés transfuges dépourvus d’une once de vergogne. Exclue du PDS, Idrissa Séck a créé sa propre formation politique, le Réwmi, pour aller à une si longue conquête du pouvoir. Trois fois candidats malheureux à l’élection présidentielle, lui qui se voyait comme le successeur naturel et légitime de Wade, était plus présidentiel, que présidentiable dans sa démarche.
D’ailleurs, jusqu’à présent, ses militants l’appel président. Un titre honorifique qui provoque en lui ce sourire béatement royal. Ses idées et ses convictions d’hier restent intactes. Depuis ses déboires politiques avec ses frères libéraux, il mène tranquillement sa barque dans l’opposition, ne cherchant ni les atouts, ni les atours du pouvoirs. Posture très rare en ces temps où la politique à la sénégalais s’apparente plus à un bal masqué.
Son handicap : son intelligence
Idrissa Seck est homme à part. Parce que parfois, il est usé et abusé par son intelligence. En d’autres termes, ça lui joie parfois de mauvais tours. Le dire peut soulever des interrogations. Ce qui est normal. Comme ce fut le cas avec l’épisode de « Makka et Baqqa ». Qualifié d’apostat par des activistes islamiques au service du pouvoir, Idrissa Seck sera confirmé dans ses affirmations, quelques mois plus, par érudit du Saint Coran, en la personne d’Oustaz Hady Niasse.
Cet épisode doit renseigner Idy sur une chose : les digressions religieuses ne s’accommodent pas à cette science très vicieuse qu’est la politique. Personne ne doute de sa capacité à analyser les contextes et situations politiques. Mais il doit comprendre que la science islamique est accessible à peu de nos compatriotes.
Homme politique redoutable, Il n’est pas de cette caste de politiciens qui pompent l’air les Sénégalais par des digressions et des extrapolation en à plus finir. D’ailleurs, autant ses rivaux lui admettent sa courte taille et sa « grande tête », autant ils reconnaissent en l’homme sa capacité de nuisance politique. « Heureusement que c’est un intermittent politique » chuchote un très proche de Macky Sall.
Excellent rhéteur qui aborde avec aisance les sujets politiques et religieux, il donne le tournis au pouvoir. Quand il a la niaque d’attaquer Macky Sall, les communicants du pouvoir peine à amortir ses tirades à l’endroit du président, avant d’amorcer la riposte. C’est l’une des rares personnalité dont les sorties politiques perturbaient hier les Wade, et aujourd’hui, le pouvoir en place.
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