Dans une errance mémorielle soudaine, le président Sall s'est versé dans une itinérance discursive devant ses homologues et chefs de gouvernement venus rehausser de leur présence sa prestation de serment ouvrant l'ère de son second mandat. Sans aucune gêne et de but en blanc, il s'est rendu compte de l'impropreté notoire de ce petit pays, bien qu'il l'ait visité et revisité à maintes reprises. Mais accordons-lui ses bonnes intentions d'éboueur-circonstantiel ponctuel", klaxonnant comme le chauffard de "auto-mbaliitt" qui se signale.
Il a le mérite d’amorcer cette prise conscience nationale, qui a provoqué chez certains la susceptibilité ostentatoire connue du Sénégalais, qui à chaque fois que son orgueil est touché, se rebiffe et se lance dans un challenge. Cette fois-ci, il est moins ridicule, puisqu’il consiste à lutter contre l’insalubrité, identité de nos quartiers.
Une initiative citoyenne civique à saluer mais tardive et déshonorante. Car la propriété doit être l'affaire de chaque citoyen au quotidien. Mais s'intéressons-nous vraiment de l'origine de ses tas d’immondices qui jonchent partout dans ce pays ? A y voir de près, cela est principalement dû à l'absence de politiques réelles de nos autorités pour venir à bout de ses or-dures, et la démission des municipalités qui n'ont aucune notion de la "démocratie locale" dont évoquait Alexis de Tocqueville. Nos Municipalités n’ont aucune politique locale environnementale et écologique, si ce n'est que de sporadiques opérations « set-settal », laissant leurs administrés dans le désarroi avec leurs ordures.
Loin d’être exempt de tout reproche, les populations aussi ne favorisent pas aussi cette propreté. En effet, la pauvreté galopante, même si le dicton nous enseigne que " la pauvreté n'est pas un vice", mais elle est à l'origine de tous les maux qui freinent le décollage de notre pays. Et concernant la saleté à Dakar, la responsabilité de chaque citoyen est manifeste. Le capharnaüm qui règne au Sénégal reflète l'insalubrité de nos consciences.
Défigurée par une absurde justification de trouver la dépense quotidienne, la ville de Dakar ne présente pas un visage d’une "capitale" dont le pays aspire à attirer des investisseurs. Des trottoirs privés de piétons à causes des tables de survie, des autoroutes agressées par des jeunes hommes et femmes qui cherchent à trouver une rente à leurs risques et périls.
C’est ça le Sénégal du quotidien. Un combat loin, très loin d’être gagné.
KMNGN