L’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) pourrait-elle continuer à faire correctement son travail ? Avec un budget modique et un risque de retrait des partenaires qui financent l’essentiel de ses activités, un des responsables de la structure tire la sonnette d’alarme. Pour lui, il urge d’augmenter considérablement la dotation budgétaire, afin qu’elle puisse accomplir ses missions, de plus en plus diversifiées et complexes.
L’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) est l’une des fiertés du régime Macky Sall, qui en a fait un cheval de bataille de sa politique dans le secteur. Mais la structure, qui abat un travail remarquable, avec la publication de rapports annuels sur l’activité du secteur et de contrats miniers et pétroliers, participant grandement à la transparence dans ce secteur qui a toujours été une nébuleuse, manque terriblement de moyens. «Le budget est insuffisant par rapport à la mission. Avec 120 millions par an, c’est assez difficile de remplir notre rôle», nous a fait comprendre l’un des responsables de l’organe. Qui déplore non seulement l’insuffisance du budget alloué, mais aussi son décaissement, comme c’est souvent le cas dans tous les secteurs. Et ces problèmes de trésorerie impactent négativement sur la marche de l’Itie, aussi bien pour la prise en charge du personnel que du financement de certaines de ses activités, car beaucoup d’autres étant financées par des partenaires.
D’ailleurs, c’est là que se situent aujourd’hui toutes les craintes des responsables de l’Itie. «Il y a un réel risque de retrait de certains bailleurs comme la Banque mondiale, qui finance par des dons nos activités. Et si l’Etat ne compense pas, ça peut avoir des conséquences négatives sur la réalisation de nos missions», explique notre interlocuteur. Même si l’Itie s’en sort jusque-là, malgré «les soubresauts», notre source est formelle. «Il y a un besoin réel d’augmenter, voire même de doubler le budget, pour marquer la volonté de l’Etat et permettre à l’Itie d’aller de l’avant dans la matérialisation de cette volonté de transparence dans le secteur des industries extractives», note notre interlocuteur. En outre, ce dernier déplore l’attitude des autorités et autres acteurs vis-à-vis du travail de l’Itie. «Nous faisons des recommandations, mais les gens ne voient pas souvent leur pertinence et les laissent aux oubliettes», note-t-il.
Veille et information stratégiques,contenu local, cadre légal…, ces chantiers de l’Itie
Selon notre source, le chantier est immense pour l’Itie, qui doit aujourd’hui s’investir à fond dans son «rôle de veille et d’information stratégique». Comme, par exemple, prendre connaissance des «bonnes pratiques» ailleurs et les diffuser au niveau national. Ce qui permettra «d’anticiper» certaines décisions et actions, mais aussi le débat autour des questions de transparence dans le secteur des mines et des hydrocarbures. Un débat qui, aujourd’hui, regrette notre interlocuteur, est entretenu par deux camps (opposition et pouvoir) qui ne font que se tirer dessus, laissant la grande masse des populations dans l’ignorance.
L’Itie, de l’avis de notre source, devrait être au front sur la question du contenu local, avec la mise en place de «textes précis» sur la question, notamment faire intégrer les entreprises sénégalaises, la chaine de valeur du secteur, surveiller le pourcentage d’emplois locaux... L’Itie compte aussi fouiller le cadre législatif, avec des études sur l’impact du Code minier, par exemple. Car, pour le gendarme de la transparence dans le secteur, la «bonne gouvernance» de celui-ci passe par un «cadre légal» approprié. Un des aspects du travail de l’Itie et qui n’est pas des moindres est l’information, base de la transparence. En ce sens, un portail qui permettra d’informer en continu et en temps réel doit être mis en place. Et cela va bientôt être une exigence de la norme