Le dialogue épistolaire de Idrissa Séck

12 - Juin - 2018

«À toutes mes sœurs. A tous mes frères. En islam, en religions du Livre, ou simplement en humanité. Salutations et prières ferventes. Pour la sécurité, la paix et la prospérité, au Sénégal et partout ailleurs. En Envoyant Son Bien Aimé Prophète (PSL), le Seigneur des Mondes s’Adresse à lui en ces termes: «Nous ne t’Avons Envoyé que comme Miséricorde pour l’Univers.


Sa mission transcende donc la seule communauté humaine, pour inclure au-delà même du Vivant, toute la Créature. Pourquoi donc devrions nous laisser nos diversités, crées uniquement pour manifester la complétude du Beau, nous séparer, nous diviser, surtout dans ce petit espace qu’est le Sénégal ?

Il m’a été enseigné que lorsque son père s’est confié à lui avant sa disparition, Serigne Touba lui répondit, qu’au-delà de la famille Mbacké/Bousso, son ambition était d’assumer la Responsabilité Mouhammedienne en direction de toute la CRÉATURE ! N’avons-nous pas là une source d’inspiration suffisante pour encadrer notre conduite et nos «entre-nous» ?

Immense reconnaissance à Serigne Touba, Cheikh Mouhammadoul Mountaqâ, le bien prénommé, (Le «Sélectionné avec soin»), successeur d’Al Moukhtar, le «Choisi». Nos infinis remerciements à lui, pour nous avoir enseigné à nouveau, lors de son dernier message à notre pays et à la Oumma, que l’héritage de Serigne Touba transcende les frontières confrériques, voire confessionnelles, pour englober l’Humain, le Vivant et toute la Créature (Al-Khalqu).

Plusieurs leaders du monde m’ont confié être rassurés quant à la stabilité et à la cohésion du Sénégal après avoir écouté Serigne Mountakha éteindre le feu de la division et de l’intolérance. Pour ma part, sachez que, dans son sillage, je m’interdis de parler d’autre chose que de paix, de cohésion et d’unité après la korité.

Ce sera dans l’apaisement et en toute humilité devant votre souveraineté et lucidité que je vous indiquerai comment maintenir l’ordre sans tuer les étudiants, comment améliorer le rayonnement diplomatique de notre pays dont l’influence dans le monde est inversement proportionnelle au poids démographique ou économique, grâce surtout à la qualité de nos ressources humaines dans tous les domaines, en particulier nos forces de défense et nos diplomates.

Grâce aussi à la flamboyance des Géants-Présidents, Senghor et Wade, dont Macky n’a pas la capacité d’hériter. Je vous parlerai de la restauration de la dignité de notre justice. Pour qu’il ne soit plus possible à un président de la République d’éliminer des concurrents en manipulant la justice. Je ne perds pas espoir que sur le chemin de l’appel et de la cassation, un Kéba Mbaye surgisse pour freiner ce funeste projet d’éliminer Khalifa Sall de la prochaine présidentielle.

Je vous dirai comment, ensemble, se débarrasser de ce régime et de ce Président corrompus qui ont battu tous les records de la mal gouvernance et des scandales financiers impliquant directement le couple FayeSall et ses Dames de compagnie, et dont la liste s’allonge chaque jour. Contrats scandaleusement surfacturés, comme l’autoroute, le Ter, le building administratif, Bictogo.

Des pans entiers de notre économie nationale et des approvisionnements étatiques livrés aux maîtres mondiaux de Macky Sall, au détriment de nos vaillants capitaines d’industrie qui, à force d’intelligence et de travail acharné, ont construit des embryons de puissances financières qu’il appartient à l’Etat de couver, de protéger et non de détruire systématiquement. De hauts cadres de l’Administration et de brillants sénégalais m’ont confié que sous Macky Sall la compétence et la vertu sont devenus des «délits» qui plombent les carrières et les ambitions.

Je vous dirai comment nous pouvons résoudre la lancinante question de l’eau à Dakar, Touba et partout dans le pays. Synthétisant tout cela, je vous dirai comment profiter de l’évidente intelligence et énergie de nos jeunes, issus des daaras comme de l’école publique, en leur trouvant des emplois à la hauteur de leurs ambitions. Comment valoriser le travail titanesque de nos mères, sœurs et épouses dans nos maisons, travail longtemps ignoré par nos statistiques officielles.

Les bourses familiales seront maintenues mais je vous proposerai mieux. Je vais instituer les Salaires familiaux. Car, au fond quelle est la différence économique entre les efforts non rémunérés de nos «femmes au foyer» et ceux que les autres femmes facturent, sinon justement la facture, cet outil qui permet de comptabiliser ceux-ci dans le PIB et d’ignorer ceux-là. Nos sœurs travaillent même parfois deux fois plus entre leurs responsabilités familiales et leur apport inestimable dans l’économie et le rayonnement du pays.

Cette flagrante injustice sera corrigée. La révision de notre système de mesure de l’activité économique, d’ailleurs entamée par l’ANSD qui vient de nous enrichir de 30%, par un simple mécanisme comptable, autorisera des possibilités budgétaires importantes dérivées de l’amélioration mécanique de nos indicateurs économiques, souvent exprimés en pourcentage de PIB. A partir de la korité donc, je ne parlerai que des vrais sujets, ceux-là que le régime fait tout pour étouffer en nous distrayant par de faux débats avec la complicité de ses Dames de compagnie.

Macky Sall créera encore d’autres «il est midi» mais il perd son temps. Son obsédant besoin de deuxième mandat pour couvrir ses nombreuses forfaitures le conduiront à toutes formes de dérives. Mais nous le contiendrons sans brûler le pays comme il le souhaite, dans la sérénité et le calme. En posant mes pas entre la Maison et le Minbar de notre Bien Aimé, Sceau et Imam, en posant affectueusement et avec déférence la poitrine sur la Ka’aba, en me tenant debout là où Abraham et Ismâ’îl se sont tenus debout, je l’ai fait pour chacune et chacun de vous.

Que le Tout Puissant enveloppe dans son Infinie Miséricorde toute la Créature, celle qui croit, comme celle qui mécroit. Car comme le dit le Livre, «La Vérité vient de ton Seigneur. Quiconque veut qu’il croie. Quiconque veut qu’il mécroie». Allahouma innaka Afuwwun Tuhibboul Afwa. Fa’afou ‘Annâ

Quant à moi ‘Afawtu comme le fit, Sérigne Touba, ce modèle pour l’Humanité, l’Abreuvoir des Assoiffés, qui a instauré le pardon comme règle de vie sur les traces des çâlihîn, des çiddîqin et des Shuhadâ".»

Idrissa Seck, ancien Premier ministre

 

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