MORT DE PAPE DIOUF: POURQUOI LES MARSEILLAIS L’AIMAIENT TANT

01 - Avril - 2020

Pape Diouf, ancien président de l’OM (2005-2009), est mort du coronavirus à Dakar ce mardi. Débarqué à Marseille à 18 ans, il avait développé une relation forte avec tous les amoureux de l’OM.

Marseille pleure. Son "Pape" s’est envolé de Dakar pour les cieux, ce mardi, à 68 ans. Et le coronavirus qui l’a emporté va priver les Marseillais d’un hommage à la hauteur de leur amour et de leur respect pour lui pendant encore quelques semaines, quelques mois… Mais il viendra, sera fort, puissant. Car Pape Diouf, considéré comme l’un des trois plus meilleurs dirigeants de l’OM avec Marcel Leclerc et Bernard Tapie, tchadien de naissance, sénégalais d’enfance, était un vrai Marseillais.

Il était arrivé à Marseille en 1969, à 18 ans, pour entrer dans l’armée et suivre les traces de son père, qui s’était battu pour la France lors de la Seconde guerre mondiale. Mais après avoir évité ce chemin, être passé par Sciences Po à Aix puis La Poste, c’est à La Marseillaise, un journal communiste, qu’il a fait ses armes. Avec talent. "Je suis arrivé à l’OM en 1980, il était journaliste à La Marseillaise, se souvient Eric Di Meco. Je l’ai toujours connu. Même jeune journaliste, tu étais obligé de le remarquer. Il avait une prestance particulière. C’était quelqu’un de cultivé. Il a marqué les esprits à Marseille en tant que journaliste." "Il faisait partie du paysage de la région, de l’OM, poursuit Rolland Courbis. C’était un gars élégant, un journaliste très apprécié."

De Ribéry à Niang, en passant par Valbuena et Mandanda

Après l’avoir lu, les Marseillais l’écouteront. Et adoreront sa faconde. Devenu un grand agent de joueurs à partir de la fin des années 1980, il cède tout pour répondre à l’appel de l’OM et prendre le poste de manager général en mai 2004. En interne, les luttes d’influence sont terribles à cette époque, mais les supporters de l’OM retiendront autre chose de leur "Pape" que le départ déchirant de Didier Drogba, qui était dans son portefeuille d’agent, pour Chelsea et un montant record dès l’été 2004.

Car ensuite, résistant aux torpilles et étant nommé président par intérim (janvier 2005) puis président du directoire (juin 2005), Pape Diouf a multiplié les bons choix et les bons coups. Pour les joueurs (Franck Ribéry, Steve Mandanda, Mathieu Valbuena, Mamadou Niang…), formant un trio électrique mais efficace avec José Anigo et Julien Fournier. Et pour les coachs, avec le coup de maître Eric Gerets, que le Vélodrome allait adorer, et même le retour de Didier Deschamps, juste avant son départ en 2009, qui aboutira sur le titre de champion de France en 2010.

"Il était dans le cœur de tous les Marseillais"

Mais à Marseille, Pape Diouf a aussi offert de la fierté et l’espoir d’une grandeur retrouvable. Son OM rejoue la Ligue des champions, s’installe sur le podium de Ligue 1. Son OM résiste à l’appétit de Jean-Michel Aulas et de l’OL pour Franck Ribéry, un bras de fer remporté en 2006. Et son OM ne se courbe pas devant les instances. Les minots au Parc des Princes, face au PSG, en 2006, c’est lui. Et les supporters marseillais, les tatoués du Vélodrome, l’en remercient encore. "Ça restera le président qui a envoyé les minots à Paris parce qu’on ne voulait pas nous donner de places, souligne Christian Cataldo, leader des Dodgers. Il a dit qu’il allait nous soutenir jusqu’au bout. Il a envoyé les minots. C’est un geste que les supporters ont dans le cœur."

De l’été 2009, quand il a dû céder la place à son rival Vincent Labrune dans les derniers jours de la vie de Robert Louis-Dreyfus, à ces derniers temps, les Marseillais ont longtemps espéré son retour à l’OM. "C’était un monument ici à Marseille, résume Eric Di Meco. Les gens vont se lever demain (mercredi) avec la gueule de bois." "On a perdu quelqu’un de grand, qu’on aimait beaucoup, quelqu’un de notre famille, confirme Christian Cataldo. Il était dans le cœur de tous les Marseillais. Le seul regret qu’on a, c’est qu’on n’ait pas gagné de titre avec lui. Mais on lui rendra hommage en temps voulu. Il y aura peut-être déjà des banderoles dans la ville." Premières preuves d’amour avant que le Vélodrome puisse saluer dignement l’un des siens.

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