Monsieur le Président,
Je me suis levé, aujourd’hui, Son Excellence, Monsieur le Président de la République, avec quelques courbatures, après des centaines de kilomètres parcourus à bord d’un taxi brousse, pour regagner le Sénégal des profondeurs, mon village dénommé Simbandi Balante. Situé dans le département de Goudomp, en pays balante. Nom de mon ethnie donné par les Mandingues, comme marqueur de "l’homme de refus" de toute compromission coupable.
Le chant des oiseaux a bercé mes précieuses heures matinales, avec au bout du voyage nocturne, un sommeil réparateur qui m’a cloué au lit. Loin, très loin de Dakar, une ville en délire permanent où les populations, au lieu de marcher, courent, au lieu de courir volent. Ils ont engagé une course folle contre leur ombre, avec le stress en bandoulière.
Entouré de ma famille, je compte profiter du temps clément, le passer à flâner et à m’abandonner au spectacle déroutant que m’offre une nature qui ne porte pas encore, Dieu merci, les stigmates d’une société de consommation dont les folies agressent, chaque instant, notre couche d’ozone.
Cependant mon village est loin d’être un ilot au beau milieu d’une mer en furie qui déverse les flots en courroux sur la berge. J’ai vu des jeunes passer le plus clair de leur temps autour de la théière ou du jus d’anacarde fermenté qui a détrôné le vin blanc dont les récolteurs se font de plus en plus rares, faute de palmier à taille