Comme promis, reseaunews.com vous fait un focus sur chacun des 16 hommes et femmes politiques qui feront la présidentielle de 2019. Aujourd’hui, zoom sur Abdoulaye Baldé, député-maire de Ziguinchor.
Né le 16 janvier 1964 à Dar Salam dans la région de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé doit ascension politique à Abdoulaye Wade qui l’a créé de toute pièce pour contrer Robert Sagna, l’ancien baron socialiste dans la Casamance naturelle. Une mission réussie par Wade, puisque M. Baldé réussira la prouesse de déboulonner l’ancien maire de Ziguinchor en remportant haut la main les élections locales de 2009 avec la coalition Sopi. Il sera réélu en 2014 à la tête de la collectivité locale, confortant ainsi son ancrage local.
C’est justement cet ancrage qui fait la force de tout acteur politique. Et contrairement à certains acteurs politiques sénégalais qui n’ont de base politique, Abdoulaye Baldé en dispose. Elle est même très solide. Régnant en maître dans le sud du pays, le président de l’Union centriste du Sénégal (UCS) est sûr de faire bonne figure s’il se présente à la présidentielle de 2019.
Sauf que la candidature d’Abdoulaye Baldé est au conditionnelle, car l’homme ne s’est pas encore prononcé sur la question. Sans oublier le fait que beaucoup de rumeurs lui prêtent l’intention de vouloir rallier la mouvance présidentielle. Cette alliance est dans l’ordre du possible. En effet, depuis l’avènement de Macky sall au pouvoir et la pression judiciaire qu’il a exercé sur le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé n’a jamais véritablement rejoint les rangs de l’opposition. Il a toujours trouvé un moyen de se soustraire de la dynamique de l’opposition dite significative, en nouant des alliances avec des opposants jugés très proches du pouvoir.
Le futur Premier ministre de Macky Sall ?
D’ailleurs, ces différents alliés ont depuis, un à un, rejoint le pouvoir. Il s’agit notamment de Souleymane Ndéné Ndiaye et Modou Diagne Fada. Si Abdoulaye Baldé ralliait Macky Sall, celui-ci pourrait alors s’estimer chanceux. Parce que malgré la défaite enregistrée par les Centristes aux dernières élections législatives, ils disposent encore d’un fort grenier électoral en Casamance. Du côté parcours professionnel et académique, le CV du maire de Ziguinchor est bien garni.
Ancien Commissaire de police et chef de la Brigade nationale des Affaires économiques et financières à la Division des Investigations Criminelles (DIC), ce ralliement pourrait être fatal au député-maire de Ziguinchor s’il se donne à Macky en agneau. Il pourrait par contre, en tirer en grand profit politique s’il arrive à négocier fortement son ralliement. Ce qui n’est pas à exclure puisque d’après certaines indiscrétions, Macky Sall lui aurait proposé le poste de président du Conseil économique social et environnemental (CESE).
A moins que l’intéressé ne vise plus haut. Autrement dit, la Primature en cas de victoire de Macky Sall en 2019. L’idée n’est pas saugrenue. Parce que si l’actuel locataire du Palis rempile en 2019, il lui faudra préparer sa succession et assurer ses arrières. Voir Baldé à la Primature, et peut-être, un dauphin de Macky Sall, n’est pas à exclure. Le symbole serait fort à plusieurs points de vue. Parce que ce serait la première fois qu’un originaire de la Casamance occuperait la station « primatoriale » et aurait la chance de présider les destinés de la nation, si Macky Sall décide d’en faire son dauphin.
Un vrai commis de l’Etat
Dans l’un et l’autre cas, Abdoulaye Baldé a la carrure et le profile pour l’emploi. Ancien Inspecteur général d’Etat, le natif de Dar Salam a occupé les postes de Ministre d’Etat, Ministre des Mines, de l’Industrie, de l’Agro-industrie et des PME, de septembre 2010 à mars 2012, puis Ministre d’Etat, Ministre des Forces Armées d’octobre 2009 à septembre 2010. Secrétaire général de la présidence de la République de 2001 à 2009, l’homme connait les méandres de l’Etat. Un vrai commis de l’Etat en somme.
Enarque diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) de Paris en 2000, Abdoulaye Baldé est sur le plan académique titulaire d’un Doctorat en Droit public, option Finances publiques, de l’Université de Perpignan en France. Doctorat obtenu en 1996. Ancien pensionnaire du Lycée Djignabo de Ziguinchor où il a décroché son baccalauréat D en juillet 1984, il a rejoint la faculté de droit de l’université de Dakar où il décroche sa Maîtrise de Droit public (Relations internationales) en 1988.
Brillant étudiant, Abdoulaye Baldé a survolé son cursus avant de trouver sa planque. Chargé de mission à la présidence de la République au Bureau d’analyse et d’orientation de 1992 à 2000, il est sorti de l’anonymat en la faveur de l’accession d’Abdoulaye Wade au pouvoir. Ex bras droit de Karim Wade avec qui il animait la Génération du concret, l’ancien directeur exécutif de l’Agence nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique (ANOCI) doit le plus vite possible, dissiper les doutes s’il veut être crédible à la présidentielle de 2019 au cas où il aurait décidé de se lancer dans la bataille.
Aminata Gassama Baldé, son tendon d’Achille
Si son parcours académique et professionnel plaide en faveur, l’ancien Commissaire de police présente beaucoup de faiblesse dont il sera difficile de combler. Il s’agit de sa femme et de son dossier à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Présentée à tort ou à raison comme une femme très ambitieuse et dominatrice, Aminata Gassama Baldé risque de plonger son mari dans un trou dont il en sortira difficilement.
Fille de Maky Gassama, ancien député-maire de Fatick, d’après certaines indiscrétions, l’épouse de Baldé « se prend trop la tête », estimant être d’une famille noble. Ce qui lui conduirait souvent à de la démesure, refusant de voir la réalité. C’est cette cécité qui d’après notre source, serait à l’origine du blocage des retrouvailles entre son mari et le président de la République.
Selon notre source, la fille de l’ancien vice-président de l'Assemblée nationale a du mal à admettre que ce soit Macky Sall, dont son père subvenait aux besoins de sa famille qui soit aujourd’hui président de la République du Sénégal. En effet, il est de notoriété publique que Macky Sall est issue d’une famille très pauvre. Au passage, l’actuel chef de l’Etat est l’homonyme du défunt papa de l’épouse d’Abdoulaye Baldé.
La CREI, l’épée de Damoclès
Cette folie des grandeurs qui aurait d’après notre interlocuteur, conduit Mme Baldé a lancé le mouvement Initiative pour le Développement Expertise et Expansion pour l’Innovation (IDEI). Un mouvement qui a de grands ambitions sur le papier. Puisqu’il vise à contribuer au développement durable de l’Afrique, en ouvrant continuellement pour la performance économique, l’équité sociale et la qualité de l’environnement et du cadre de vie des populations. Mais dans les faits, c’est une coquille vide.
Radicale au début, Aminata Gassama Baldé aurait mis de l’eau dans son vin depuis quelques temps si l’on en croit notre informateur. D’ailleurs, certains estiment que son mouvement a été créé pour soutenir son cousin et candidat Macky Sall. Cependant, elle ne l’aurait pas fait par gaieté de cœur. En réalité, elle aurait à son tour succombé à la pression judiciaire exercée sur le couple par le président de la République.
Pour rappel, le maire de Ziguinchor a été inculpé en 2014 par la commission d’instruction de la CREI pour les chefs d’enrichissement illicite et corruption, portant sur 5 milliards de francs Cfa. Son épouse s’est vu imputer le délit de recel pour le même montant dans le même dossier. Un dossier que manie habilement Macky Sall comme une épée de Damoclès sur le tête du couple. Sacré Macky Sall. Il est vraiment impitoyable.
Concernant Abdoulaye Baldé, une chose est sûre. C’est qu’en perspective de la présidentielle de 2019, il n’a pas encore fini de faire parler de lui.
Marie-DIOUF RESEAUNEWS