Remaniement au Pds - Interview avec Mountaga Gangué, cadre libéral

Mountaga Gangué est un produit du PDS pour militer depuis le lycée (MEEL) à l’UJTL (membre du comité directeur à Podor). En France, ce cadre de la fédération PDS (détenteur d’une maitrise en droit économique et gestion, spécialité administration et échanges internationaux à l’université Paris 12 de Créteil et master 2 en Systèmes d’Information et Communication à Paris Est Marne-la-Vallée) se définit comme un fils du parti PDS où sa défunte mère, la sénatrice sous l’ère Wade Henriette Négri (présidente départementale des femmes de PDS de Podor) était une des figures du PDS dans le Nord. Dans sa sortie, ce cadre du PDS France, charge la bande des frondeurs d’Oumar et Co…Le PDS serait-il l’héritage de Karim Wade ? Il répond…

R.Pédro - Mountaga Gangué, vous réagissez à l'actualité au sein de votre parti, qui traverse des moments de remous suite au remaniement initié par Wade. Quelle est votre appréciation ?

Mountaga Gangué - Le PDS est une famille, d'ailleurs le frère secrétaire général Abdoulaye Wade est affectueusement notre grand-père à tous. Il a procédé à des changements et cela a engendré une fronde. Je lance un appel au calme et je prie les frondeurs de bien vouloir revenir à de meilleurs sentiments. Tout le monde sait combien ils aiment et adulent Wade. Ils nous ont formés et éduqués. C’est juste, qu’il est peut-être temps qu'ils cèdent la place aux jeunes mais qu'ils restent avec nous pour continuer à nous prodiguer des conseils. Ils étaient là et Abdoulaye Wade a toujours nommé des gens par décret et autres dans le parti, y compris eux. Tout le monde se pliait aux décisions. Donc si aujourd’hui ils ne sont pas choisis, ils ne devraient pas faire de vague. Et ce n'est pas ce que l’on attend d’eux.

R. Pédro - Ne trouvez-vous pas que la frustration d’Oumar Sarr et autres est tout de même compréhensible ?

Mountaga Gangué – Tonton Oumar Sarr est un bon numéro 2, un bon suppléant. Mais sincèrement pour être secrétaire général et diriger le parti, il ne peut pas faire l'affaire. Qu'on ne s’y trompe pas. La position de Karim Wade au sein du PDS est déterminante. C’est la seule personne capable de nous ramener au pouvoir. Et, pour ce faire, il faut que nous nous battions pour qu’il soit amnistié de manière à ce qu'il retrouve ses droits juridiquement. En plus, qu’on se dise la vérité ; ce parti est celui de Wade. C’est Wade qui toujours endossé entièrement toutes les dépenses du parti de à l’opposition à l’exercice du pouvoir jusqu’à maintenant.

R. Pédro – Cela justifierait-il donc que Karim Wade soit à la tête du PDS alors qu’il n’est même pas sur place ?

Mountaga Gangué - Aujourd’hui le monde est un village planétaire. Les gens se réunissent via internet, discutent et travail malgré la distance. Donc il est bien possible que de Doha, Karim Wade puisse travailler et collaborer avec les militants et autres frères de parti. Il ne faut pas oublier que concernant Karim Wade, en droit il est dit que «actori incumbit probatio » mais Macky Sall a passé outre cette règle avec la CREI dans cette affaire qui a fonctionné à l’encontre de la justice. Les accusateurs n’ont pas pu apporter des preuves de ce qu’ils reprochent à Karim.

R. Pédro – Comment expliquer que Karim Wade qui est exilé à Doha puisse être aux commandes du PDS au détriment des autres sur place et tout autant compétents ?

Mountaga Gangué - Un Etat qui sans scrupule a osé mettre un citoyen dans une situation où l’on est jugé sans pour autant avoir le droit de faire appel. Ce même pouvoir ou Etat a déclaré qu’il remettra Karim Wade dès son retour au Sénégal. Cette menace sera surement exécutée. Il ne faut pas être amnésique et se jeter dans la gueule du loup. Karim Wade ne peut pas encore rentré au pays, du moins, tant que cette justice sénégalaise continue à rester ce torchon que Macky Sall utilise et manipule à sa guise pour mater ses opposants. Il n’a pas encore la possibilité de rentrer chez lui. N’empêche, il peut collaborer par internet et autres moyens des NTIC.
D’ailleurs, beaucoup disent qu’il a été un candidat fantôme, qu’il a peur de revenir au pays. Je ne suis pas de cet avais. Karim Wade a prouvé qu’il n’a pas peur de la prison. Il est resté trois ans en prison sans jamais fléchir. Personne n’a jamais entendu qu’il a été évacué au pavillon spécial. Tous ces qui lui demandaient de rentrer et qui promettaient de se battre à ses côtés, les voilà qui lâchent l’affaire à cause d’un moindre remaniement dans le parti. Imaginez un peu si Karim était rentré durant la campagne électorale pour la présidentielle. J’étais une des rares personnes dans la fédération ici en France à m’opposer au retour de Karim au Sénégal. C’était suicidaire.

R. Pédro – Donc en gros, le mot d’ordre c’est que tout le monde se range derrière Karim sans ambition de diriger ? Tous ceux qui ont quitté le PDS ont alors eu raison?

Mountaga Gangué - Il faut une commission des sages qui regroupe tonton Babacar Gaye, tonton Amadou Sall, tonton Oumar Sarr et tous les autres, pour qu’ils épaulent les jeunes et qu’ils continuent à élaborer des stratégies de fonctionnement pour le parti. Je souhaite aussi que l’on rappelle tout ces fervents wadistes mécontents qui sont partis, les frère Modou Diagne Fada, Mamadou Lamine Masssaly, Farba Senghor, Aliou Sow. Qu’ils reviennent, le parti a besoin d’eux. Ils doivent juste reconnaitre le leadership de Karim et soutenir sa candidature au sein du PDS pour la présidentielle 2024.

R. Pédro – Donc tout ce que fait Abdoulaye Wade y compris ce remaniement, c’est bien pour propulser Karim Wade et mieux repositionner les militants de la GC ? Le PDS serait l’héritage de Karim ?

Mountaga Gangué – Non, je ne dirai pas que tout ceci a été fait pour Karim Wade. Wade a plutôt mis en place des jeunes qui s’investissent à fond pour le PDS, des jeunes dynamiques et qui bénéficient de sa confiance. Abdoulaye Wade a toujours promu la jeunesse et les femmes. C’est pour une victoire du PDS à travers le candidat Karim Wade pour l ‘horizon 2024.

Oumar Sarr est bien apprécié par ses camarades pour avoir été fidèle à Wade au PDS. N’a-t-il pas plus de mérite que Karim Wade ?

Mountaga Gangué – Je connais bien Oumar Sarr à qui je voue un grand respect. Il a travaillé dans le Nord avec ma défunte mère. A l’époque je faisais le thé pour lui quand il passait à la maison. Lors du décès de ma mère, c’est lui qui a conduit la délégation du PDS venue présenter les condoléances à ma famille. Auparavant, il a rendu visite à ma mère quand elle était malade. C’est vous dire que personnellement je l’apprécie beaucoup et j’ai de l’affection pour lui. N’empêche, pour diriger le parti, il fait un bon numéro 2.

R. Pédro – En tant qu’originaire de Podor, vous n’ignorez pas l’influence d’Omar Sarr dans le nord en général, surnommé le «Lion de Dagana»?

Mountaga Gangué – C’est vrai. Il m’est difficile de ne pas apprécier positivement le travail d'Oumar Sarr, que je considère comme mon tonton, parce qu’il a mené tous les combats du Nord aux côtés de mon oncle Jean Baptiste Négri (coordinateur départemental) et de ma regrettée mère (Henriette Négri quand elle était présidente des femmes du PDS de Podor). Beaucoup pensent que la force du PDS dans le nord, précisément à Podor, a diminué. Ce qui est faux. Par contre le PDS dans la commune de Podor a beaucoup souffert de l’alliance contre nature avec Mamdou Racine Sy en 2014. Mais les vrais militants sont toujours fidèles, des gens comme Pape Abou Sow, Arona Sarr, Maguette Sylla, Jean-Baptiste Négri.

R. Pédro – Mountaga, seriez-vous intéressé par la mairie de Podor par hasard ?

Mounataga Gangué – Je suis un militant discipliné au niveau du PDS. Je ne vais pas donc m’autoproclamer candidat sans que mon parti ne m’investisse et ne me donne les moyens qu’il faut pour ce faire. Je ne voudrais pas être un Madické Niang. Aussi la commune de Podor n’est pas une mince affaire. Tous ceux qui ont dirigé Podor ou ont voulu diriger sont des ténors à l’image de Aïssata Tall Sall, Moussa Diop, Mamadou Racine Sy etc. Après, il est vrai que des gens de Podor me sollicitent et m’encouragent à candidater. Je leur donne la même réponse : je suis la discipline du parti.

R. Pédro – Votre conclusion sur l’actualité sénégalaise en générale, politique, sociale ou autre ?

Mountaga Gangué – C’est vraiment dommage qu’un président né après l’indépendance, qui n’a pas vécu la colonisation et qui a fait toutes ses études au Sénégal, devienne un préfet de la France. C’est le cas de Macky Sall qui devrait pourtant avoir une autre posture de la sienne par rapport à la France. Alors que partout dans le monde les partenariats sont win-win, il n’a pas le courage défendre les intérêts du Sénégal.
Au passage, je dénonce la gestion du pétrole et du gaz par le clan Aliou Sall. C’est scandaleux.
Et, pour finir, je lui rappelle qu’il a gracié des personnes qui ne le méritent pas, des criminels. Mais dans la mesure où Khalifa Sall est un adversaire politique qui aurait pu réellement le gêner lors de la présidentielle, il ne va pas le faire sortir de prison. Il se dit certainement qu’il le gênerait lors des municipales. Macky Sall ignore ou oublie que le pouvoir n’est pas éternel.

Rokia Pedro