Les retrouvailles entre l’ancien président Me Abdoulaye Wade et son successeur, Macky Sall, lors de l’inauguration de la Grande Mosquée Masalikul Jinaan, le 27 septembre 2019, n’aura duré que le temps d’une rose.
Depuis un certain temps, la presse sénégalaise parle d’une supposée nouvelle brouille entre les deux responsables, PressAfrik est en mesure de vous dire ce qu’il en est réellement. À l’origine de ce coup de froid, plusieurs désaccords, notamment une Amnistie collective que le président Sall veut signer à la place d’une révision du procès de Karim Wade proposée par son prédécesseur, la question ArcelorMittal, entre autres.
La nouvelle mésentente entre Me Abdoulaye Wade et le président Macky Sall est sur toutes les langues. Si du côté du camp du pouvoir et de certains observateurs comme Cheikh Yérim Seck, l’on estime que l’affaire Karim Wade et la visite du chef de l’Etat chez l’ancien Président Abdou Diouf lors de son passage à Dakar, ont été à l’origine de la brouille entre les deux hommes, les partisans de l’ancien président Wade, sont d’avis que le problème est tout autre.
Joint par PressAfrik, un proche de Me Wade, qui requiert l’anonymat, estime que l’origine de la brouille ne se limite pas aux simples explications fournies par les gens du parti au pouvoir. Ce serait beaucoup plus complexe que ça.
« Macky Sall veut signer une Amnistie générale pour sauver sa famille et ses partisans qui ont causé d’énormes dégâts».
« Ceux qui disent que le problème entre Wade et Macky Sall, c’est Karim Wade, ont tout faux. Macky ne leur dit pas tout. Pour eux, l’affaire est très simple, alors qu’elle ne l’est pas », souligne notre source dès l’entame de ses propos.
« Macky Sall veut signer une Amnistie générale, alors que pour Wade l’Amnistie générale n’est pas une solution », avance-t-elle. Avant d’expliquer : « L’Amnistie générale consiste à effacer tous les crimes économiques depuis 2012. Ce qui consisterait à passer d’abord sous pertes et profits les dossiers chauds de l’Ofnac (Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption). Notamment sur Aliou Sall (jeune frère du président Sall), le dossier de Cheikh Oumar Hann (Ancien Directeur du centre des œuvres universitaires –Coud), celui de Moustapha Diop ( ex-ministre délégué chargé de la Microfinance), le dossier de Mansour Faye sur l’eau, et le dossier sur la Fondation de la Première Dame, Marième Faye Sall, qui a fait objet de plusieurs plaintes déposées à l’Ofnac », liste notre interlocuteur.
Poursuivant, il ajoute : « Macky veut que tous ces dossiers soient passés pertes et profits». Chose que Wade n’accepte pas. Parce que, précise-t-il, s’il y a Amnistie générale, toutes ces personnes citées ci-dessus vont échapper à la reddition des comptes et à la justice.
« Wade campe sur la révision du procès de Karim et non sur une Amnistie générale »
À en croire notre source, le président Abdoulaye Wade ne veut pas d’Amnistie générale, car ça serait « à ces yeux une trahison » voire même le « cautionnement du pillage de l’économie de notre pays ». Par conséquent, affirme-t-elle : « Il n’accepte pas qu’on mette tous les dossiers dans le même sac. C’est pourquoi, il réclame un procès. Et le procès concerne Karim Wade tout seul ».
Selon ce responsable, le chef de l’Etat veut profiter de la situation pour blanchir ses partisans épinglés. « Cette Amnistie générale n'a pour finalité que de soustraire ses partisans et sa famille des poursuites judiciaires », souligne notre interlocuteur.
Malheureusement, peste-t-il, « les Sénégalais ne mesurent pas l’ampleur des « dégâts causés par les partisans de Macky Sall qui doivent être clarifiés ».
« L’affaire ArcelorMittal, est une question qui ne peut pas être passée sous pertes et profits. »
Le dossier Arcelor Mittal, du nom de ce groupe sidérurgique mondial, considéré comme l’un des plus gros scandales financiers sous l’ère Macky Sall et qui était en cours au tribunal arbitral de Paris, fait partie des dossiers que le Pape du Sopi voudrait qu'on clarifie.
« Le préjudice était évalué à 2500 milliards FCFA. Et, contre toute attente, les autorités sénégalaises ont encaissé la somme de 75 milliards de F Cfa en écartant l'Agent judiciaire de l'Etat, la seule personne habilitée à signer à la place de l'Etat du Sénégal », rappelle notre source. Et de conclure : « Wade voudrait qu’on clarifie cette question en publiant le rapport complet du Conseil d'administration d'Arcelor Mittal relatif à la négociation et à la transaction ».
Pour rappel, l’ex-ministre des Finances, Amadou Bâ avait assuré, en marge du vote du budget de son ministère à l’Assemblée nationale en décembre 2014, que « tous les contrats », sur cette affaire, « seront bientôt publiés ».
Dakarmatin