Une salle pleine comme un œuf et 250 livres qui se sont arrachés comme de petits pains. La cérémonie de dédicace du livre du journaliste Pape Alé Niang intitulé: Scandale au cœur de la République, le dossier du Coud, samedi 15 février, à Saint-Denis, en banlieue parisienne, fut un succès à tous points de vue. Le journaliste peut d’ailleurs légitimement se targuer d’avoir mobilisé plus que bon nombre de leaders de parti politique qui organisent des manifestations à Paris, parfois à grands frais.
Cette forte mobilisation cache visiblement plusieurs messages que les tenants du pouvoir devraient pouvoir décrypter. Par la tonalité et par le contenu des interventions, on s’est aperçu de la détermination de la diaspora à combattre la corruption, la concussion, bref tous les indésirables maux qui entretiennent la pauvreté endémique dans notre pays.
La cérémonie de dédicace du livre de Pape Alé Niang s’est tenue au lendemain de la conférence de presse des avocats de l’ancien directeur du COUD, principal mis en cause dans le rapport de l’OFNAC lequel a servi de matière première au journaliste d’investigation. Lors de leur face-à-face avec la presse, les robes noires ont manifesté ostensiblement leur volonté de présenter Cheikh Oumar Hann comme une victime innocente des auditeurs de l’OFNAC. Nul n’est dupe, leur objectif était de gagner la stratégique bataille de l’opinion avant la confrontation devant le juge. Le succès populaire de la cérémonie de dédicace du livre de Pape Alé Niang a montré que les Sénégalais de France n’avaient pas mordu à l’hameçon. En effet, l’analyse des différentes interventions lors de la rencontre autorise à formuler l’hypothèse qu’au-delà de la personne de Cheikh Oumar Hann, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ; c’est contre la corruption, un fléau devenu systémique, que les Sénégalais de la diaspora se sont mobilisés.
Après avoir grandement contribué à l’accession de Macky Sall à la magistrature suprême en 2012, la diaspora est visiblement en train de tuer à petit feu son pouvoir. Le carton jaune qu’elle lui a infligé lors de la présidentielle de février 2019 n’a, manifestement, pas servi à grand-chose. Si des mesures énergiques ne sont pas prises dans la lutte contre la corruption, la diaspora, vu l’engagement qu’elle a manifesté contre ce fléau « Face à Pape Alé », pourrait ne pas résister pas à l’envie de brandir un carton rouge aux tenants du pouvoir lors des prochaines élections.
Parce qu’ils résident dans des pays qui combattent farouchement la corruption et la concussion, Pape Alé Niang a saisi l’opportunité de la cérémonie de dédicace pour demander un engagement toujours plus généreux aux Sénégalais de l’extérieur en faveur de la promotion de la bonne gouvernance. Car, a-t-il expliqué, ils ont beaucoup de ressources pour contribuer à l’éveil des consciences dans notre pays.
Cheikh Sidou SYLLA-INFO15