La démission forcée d'Aliou Sall , le frère cadet du président Macky Sall qui a longtemps travaillé avec l'entrepreneur minier Frank Timis, laisse le champ libre aux proches de la première dame, Marième Faye Sall. Premier à se positionner, le frère de cette dernière et homme de confiance du président sénégalais, Mansour Faye.
Lutte d'influence au palais Derrière la solidarité de façade de la famille présidentielle depuis le déclenchement de "l'affaire Timis", le 2 juin , c'est une véritable guerre de position qui oppose les diverses factions dans l'entourage de Macky Sall. Plusieurs proches de Marième Faye Sall, à l'instar de son jeune frère Malick Seck, ont discrè- tement plaidé auprès de la principale force d'opposition, le Parti démocratique séné- galais (PDS), pour que ce dernier réclame une enquête parlementaire sur l'attribution des permis gaziers à l'homme d'a aires australo-roumain Frank Timis.
D'autres membres du clan de la première dame n'ont pas hésité à attiser le feu médiatique en rencontrant discrètement plusieurs organes d'information. Objectif : écarter Aliou Sall du jeu politique. Maire de Guédiawaye, commune électoralement stratégique de la banlieue dakaroise, Aliou Sall a longtemps été le principal canal d'accès à son frère. Il est en outre président de la très influente Association des maires du Sénégal (AMS), particulièrement importante en en vue des législatives de 2022. Une position centrale qui a fini par faire de l'ombre aux partisans de l'influente première dame.
Depuis le début de l'année, les relations entre Marième Faye Sall et le frère cadet du président s'étaient déjà particulièrement dégradées et ce dernier avait vu ses accès à la présidence considérablement réduits. Lors du dernier remaniement d'avril, alors qu'il espérait pouvoir entrer au gouvernement, Aliou Sall n'avait finalement pas obtenu de ticket d'entrée.
Remous au sein du parti présidentiel. Surfant sur la démission d'Aliou Sall de la Caisse des dépôts et consignations du Sénégal, le 24 juin, plusieurs membres de l'Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel, ont exprimé en privé l'idée d'exclure le frère du président de la formation politique.
Devenu incontournable dans le nouveau gouvernement, le frère de la première dame, Mansour Faye, actuel maire de Saint-Louis et ministre du développement communautaire, figure parmi ses cadres les plus renforcés. A la faveur du remaniement d'avril, Mansour Faye a récupéré l'essentiel des budgets du Plan Sénégal émergent (PSE), à l'instar du Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) ou encore du Programme d'urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (PUMA). Dotés chacun de plusieurs milliards de F CFA, ces programmes étaient jusqu'à présent éparpillés entre la présidence et la primature.
Alors que Macky Sall ne pourra briguer un troisième mandat en 2024, Mansour Faye tente de se positionner comme un de ses potentiels dauphins en capitalisant sur le soutien de la première dame.
Aliou Sall contre-attaque. L'affaire des permis gaziers a considérablement contrarié les plans d'Aliou Sall. Le frère cadet du président, qui visait depuis plusieurs mois le poste de vice-président de la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan, a été contraint de renoncer à sa candidature, pourtant soutenue par plusieurs pays membres de la banque panafricaine.
Dos au mur et sous le feu des critiques au sein de l'APR, Aliou Sall devrait réunir dans les prochains jours ses soutiens dans la capitale sénégalaise. But de l'initiative : montrer qu'il est toujours capable de mobiliser ses réseaux, malgré la pression médiatique et l'hostilité de l'opposition comme de son propre camp.
En attente des prochaines échéances élec- torales, le frère cadet du président sollicite depuis plusieurs semaines le parquet en vue d'être auditionné dans l'enquête ouverte le 10 juin dernier. S'il ne parvient pas à faire valoir ses arguments devant la justice, Aliou Sall pourrait tenter de se défendre auprès de l'opinion dans un livre consa- cré au secteur pétrolier sénégalais qui doit paraître à l'automne...
Lettreducontinent