La crise du COVID-19 ne fait qu’accélérer les profondes mutations économiques déjà observées sur le continent. Le secteur de la livraison n’échappe pas à cette tendance. Et au Sénégal, Tiak Tiak et d’autres parviennent à tirer leur épingle du jeu. Le boom du e-commerce entraîne inexorablement une nouvelle chaîne de valeurs auprès d’autres secteurs comme celui de la livraison.
Au Sénégal, la livraison au bureau ou à domicile est un phénomène en pleine expansion. A Dakar, on estime que le secteur de la livraison via des plate- formes en ligne représenterait près de 20% des demandes du marché, selon un récent rapport des autorités du pays. Et les entreprises à l’instar de la start-up Tiak-Tiak se positionnent sur le marché. «Notre équipe est composée d’une cinquantaine de conducteurs à deux roues ou en vélo qui livrent différents types de commandes dont les repas», explique Cheikh Ahmed Tidiane Samb, le fondateur de Tiak-Tiak.
Si aujourd’hui l’entreprise revendique près de sept années d’expertises dans le domaine, les débuts n’ont pas été évidents. «Gagner la confiance des clients est un défi de tous les instants. S’ils optent pour notre service, c’est qu’ils savent que nos deux roues peuvent se faufiler à travers les voitures pendant les embouteillages. Il y a une certaine flexibilité», indique-t-on au sein de l’entreprise numérique. Et cette adaptabilité est un sérieux avantage pour les clients qui se traduit dans les chiffres. A ce jour, Tiak-Tiak déclare avoir servi près de 90 000 clients à travers 14 villes au Sénégal. De la livraison du courrier aux repas en passant par l’électroménager, les demandes affleurent de partout.
Surfer sur la vague de l’e-commerce: un segment porteur
Si l’e-commerce connaît un essor sans précédent sur le continent, la prudence reste de mise auprès des acteurs. Récemment, le patron de Jumia Côte d’Ivoire affirmait que l’e-commerce ne représentait que 3% des ventes sur l’ensemble du pays. Et même si la COVID 19 a permis une prise de conscience rapide des nouveaux usages et de ses potentialités, les efforts de sensibilisations demeurent encore importants. «Les entreprises qui se lancent dans le secteur augmentent mais elles font souvent face à des soucis de logistique. Mais l’écosystème progresse», indique Emmanuel Bocquet, cadre au sein de Greentech Capital, fonds d’investissements qui accompagne les entreprises africaines.
Conscients des enjeux, les fonds d’investissements ne manquent pas de manifester leur intérêt pour ces entreprises digitales. «Notre croissance est réelle et la demande est exponentielle. Nous avons démarré avec quelques livreurs. Aujourd’hui, nous réalisons plus d’une centaine de courses par jour. Récemment nous avions encore procédé à des recrutements», analyse Cheikh Ahmed Tidiane Samb, fondateur de Tiak-Tiak. Ce dernier y voit un lien de corrélation entre la croissance de son entreprise et les évolutions des consommations. «Le taux de personnes citadines augmente au Sénégal. Et d’un autre côté, vous avez un accroissement du nombre de mobiles avec une meilleure pénétration de la 4G dans le pays», retient-il.
Toute la sous-région dans le viseur
Si le Sénégal est devenu un pays de référence dans la tech ouest-africaine, Tiak-Tiak sait que d’autres opportunités existent et qu’il faut voir grand. «La Côte d’Ivoire, le Mali, la Guinée sont des pays avec de bons potentiels et des demandes intérieures assez fortes. Dès lors que nous aurons bien fortifié nos positions au Sénégal, nous nous pencherons sur notre extension vers l’ensemble de la sous-région», indique-t-on au sein de la direction de l’entreprise. Même si le chemin reste long à parcourir, l’objectif semble réalisable à moyen terme tant la demande ne devrait pas faiblir. Mais la concurrence sera aussi assez rude. L’entreprise connaît trois de ses concurrents mais ne s’y attarde pas. «C’est par la qualité de nos services qu’on crée la différence. La concurrence est une bonne nouvelle car cela démontre qu’il y a un marché assez fort et que notre cible est peut-être la bonne», espère-t-on au sein de Tiak-Tiak. A ce rythme, l’entreprise et l’ensemble du secteur pourraient connaître de beaux jours devant eux et certains d’entre eux rêveraient de devenir les «Amazon africain».