Un haut fonctionnaire sénégalais scandalisé par la décision du ministre de l'environnement

04 - Août - 2024

Monsieur Opa GUIRO fonctionnaire international                                                   Mulhouse, le 3 août 2024
à la retraite Porte-parole du Comité de Veille e
D’Alerte de la Falémé Mali/Sénégal (CVAF/MS)
Quartier Plateau à KIDIRA (SÉNÉGAL)
Tél :777778376 (whatsapp également) - opaguiro@hotmail.com

 

                                                           LETTRE OUVERTE A
                                                     
                                                                      Messieurs
             Bassirou Diomaye Diakar FAYE, Président de la République
                                  Ousmane SONKO, Premier Ministre
                                  Birame Soulèye DIOP, ministre des Mines
                                  Daouda NGOM ministre de l’Environnement
                                                              

Objet : Projet de Décret portant interdiction des activités minières et d’octroi de permis d’exploitation dans la zone du fleuve Falémé

Messieurs le Président de la République, le Premier Ministre, le ministre des Mines, le ministre de l’Environnement.

Au nom du Comité de Veille et d’Alerte de la Falémé Mali/Sénégal (CVAF/MS), je viens, très respectueusement, mais avec franchise et sans complaisance, vous exprimer notre totale déception et notre grande colère suite à l’annonce faite par Monsieur le Ministre de l’environnement, telle que rapportée par l’Agence de Presse Sénégalaise (APS) et reprise par le site SENEWEB, je cite : « Il est formellement interdit toute activité minière et l’octroi de permis d’exploitation pour une durée de trois ans dans les zones tampons situées à 500 mètres des berges de la Falémé ». Le Ministre poursuit : « Avec la suspension des permis d’exploitation au niveau de la Falémé et dans la zone tampon située à 500 mètres des berges de cet affluent, il ne devrait plus y avoir d’exploitation minière », Le ministre de se réjouir enfin de : « Cette forte mesure du gouvernement contre la pollution de la Falémé ».

Vous nous permettrez, avec respect, de vous dire, très honnêtement, de manière directe, que nous sommes profondément déçus pour ne pas dire scandalisés par ce qu’a dit le ministre de l’Environnement. Notre déception sera encore plus forte si effectivement, le décret qu’a pris le Président de la République concernant l’orpaillage sur l’emprise de la Falémé en arrivait à refléter exactement ce qu’a dit Le ministre de l’Environnement. Déçus et scandalisés, nous le sommes pour plusieurs raisons :

Nous considérons que les activités d’orpaillage constituent, telles qu’en elles-mêmes, une mise en danger de la vie d’autrui et s’apparente à UN CRIME, comme nous avions eu à le dire à l’ex-ministre des Mines, Monsieur Oumar SARR. Il est donc légitime de s’interroger sur ce glissement observé dans les dernières annonces que vous faites, sur ce grave problème de pollution de la Falémé. En effet, nous avions commencé à nourrir un immense espoir lorsqu’en date du 18 juillet 2024, le communiqué du conseil des ministres nous informait de l’approbation du projet de décret portant interdiction des activités minières et d’octroi de permis d’exploitation dans la zone du fleuve Falémé. S’il nous revient aujourd’hui qu’il n’est plus question d’interdire mais d’autoriser ces activités au-delà de 500m des berges de la Falémé, notre désarroi n’en est que plus grand. Tout semble se passer comme si les pouvoirs publics prenaient fait et cause pour les orpailleurs-pollueurs dont il faut à tout prix préserver les intérêts, contre des populations qui ne savent plus où trouver le soutien et la protection qu’elles cherchent depuis tant d’années.
Les permis déjà octroyés n’étant pas annulés, les activités d’orpaillage non interdites mais seulement suspendues pendant trois petites années, nous sommes donc légitimement fondés à penser que rien ne change ni dans l’arrêt de la dégradation de notre environnement, ni dans la prise en charge effective de cette menace par les pouvoirs publics. Votre décret n’est, de fait, qu’un moyen subtil d’autoriser la poursuite des activités minières dans la zone du fleuve Falémé et n’est rien d’autre qu’une pure communication politique.
Si la Falémé traversait Dakar, Touba ou Tivaoune, nous sommes convaincus que ce problème aurait connu un traitement d’une toute autre nature par, notamment, des décisions fermes, radicales avec des effets durables voire définitifs. C’est ce genre de mépris vis-à-vis de certaines populations qui génère les sentiments d’inégalité de traitement, d’iniquité territoriale, qui conduisent au régionalisme et qui sert de terreau aux sentiments de non-appartenance à la même nation, au même pays. Dans tous les cas, si le contenu du décret annoncé concernant la Faleme est ce qu’en a dit le ministre de l’Environnement, ne soyez pas surpris que les populations se révoltent légitimement ou entrent en résistance comme vous l’aviez fait ressèment, pour défendre leurs vies ; ce qui pourrait conduire à des troubles dans une zone très sensible pour la sécurité de notre pays. Il y a déjà eu morts d’hommes dont le dernier en date est celui de Mamoudou KANOUTE du village de NIENIEKO, de la commune SADATOU, du département de BAKEL, survenu le 24 juin 2024 suite aux affrontements des populations avec les forces de défense et de sécurité, événement largement relaté dans les médias et réseaux sociaux. La Une du quotidien national, le SOLEIL, du 2 août 2024, titrant : LA FALEME À L’AGONIE, Bombe écologique et péril sécuritaire est, à elle seule, éloquente pour alerter sur les dangers aux conséquences incalculables, que la situation catastrophique de la FALEME, risque de faire courir à notre pays, si les autorités ne prennent pas des décisions idoines pour y mettre fin. Or, cette décision citée par le ministre de l’Environnement, en est tout le contraire.

La souveraineté alimentaire, la lutte contre l’exode rural et l’émigration sont, depuis votre installation, des objectifs clairement déclinés et qui ont fait naître beaucoup d’espoir. Il nous paraît donc assez contradictoire de voir ces délivrances de permis d’exploitation minière, notamment ceux octroyés aux entreprises chinoises dont les méfaits sont incommensurables, et la non-abrogation des permis déjà octroyés. Nous ne pouvons nous résoudre à l’idée que vous seriez prêts à laisser détruire les terres les plus fertiles de notre terroir et à détériorer la qualité des eaux de notre fleuve. Ces terres et ces eaux constituent les seules richesses pour les habitants riverains de la Falémé.
Votre décret, tel qu’annoncé par le ministre de l’Environnement, serait, de fait, une manière subtile d’autoriser la poursuite des exploitations minières sur l’emprise de la Falémé et de promouvoir un orpaillage aussi meurtrier.

Je vous avais adressé les correspondances ci-dessous, avec des accusés de réceptions confirmant qu’elles vous sont bien parvenues sans jamais y faire suite ; même pas une réponse de mise en attente. Pourtant l’administration est écrite. Nous avons droit à une réponse et il est de vos devoirs de nous répondre. La rupture passe aussi par cela ; être serviteur des populations et répondre à leurs correspondances ou requêtes, positivement ou négativement, mais tout de même, leur répondre. Dans ces correspondances auxquelles j’avais joint une clé USB contenant des images qui montrent le niveau désastreux de la pollution du fleuve, j’avais suggéré que l’orpaillage ne soit pas autorisé à moins de 20 kilomètres des berges de la Falémé et pas à moins de 10 kilomètres de ses affluents dont j'avais dit qu’ils sont au nombre de 58 pour éviter que l’emprise et les eaux du fleuve ne soient impactées. Et voilà que vous l’autorisez à 500 mètres du fleuve. Ce qui équivaut à autoriser l’orpaillage sur l’emprise du fleuve et donc à promouvoir la destruction des terres et des eaux du fleuve. Vous n’ignorez pas que les cultures de décrue vont au-delà de cette distance et qu’à cette distance, ce sont les eaux du fleuve qui seront utilisées par les orpailleurs avec tous les produits nocifs qui y seront déversés. C’est pourquoi, je persiste à dire que le projet de décret évoqué dans la presse n’est rien d’autre qu’une forme de contournement et presque un leurre ; subterfuge dont les communicants font souvent usage dès que l’option prise est de ne pas résoudre définitivement le problème qui se pose.

Ci-après les lettres précitées :
Lettre recommandée à Monsieur Ousmane SONKO No RK779343658FR du 8 avril 2024, accusé de réception daté du 8 mai 2024
Lettre recommandée à Monsieur Birame Soulèye DIOP No RK779343661FR du 8 avril 2024 ; accusé de réception daté du 17 mai 2024
Lettre recommandée à Monsieur Daouda NGOM No RK779346787FR du 20 mai 2024, accusé de réception daté du 25 juin 2024

Je vous donne, ci-après, un extrait de ma lettre recommandée à Monsieur Ousmane SONKO, Premier Ministre. Les autres lettres ont quasiment le même contenu.

EXTRAIT DE LA LETTRE :

« C’est avec un très grand espoir que nous vous sollicitons pour mettre fin à la situation dramatique que vivent les populations riveraines du fleuve Falémé, depuis 2017. Cette situation résulte de la pollution catastrophique de ce fleuve qui leur est vital. Cette pollution est générée par l’orpaillage anarchique qui s’y pratique et qui s’empire avec les exploitations aurifères semi mécanisées d’entreprises chinoises sur l’emprise du fleuve.

Notre Comité et les populations riveraines n’ont cessé d’user de tous les moyens dont ils disposent pour faire cesser ces néfastes activités sur l’emprise du fleuve. Nous avons saisi et rencontré pratiquement toutes les autorités concernées à savoir : les maires des communes riveraines du fleuve, les Sous-préfets des arrondissements de Bélé et de Kenieba, le préfet de Bakel, les Gouverneurs des régions de Tambacounda et de Kedougou, les Ministres en charge des mines et de l’environnement, le ministre de l’Intérieur, les autorités de l’OMVS, les Présidents de la République du Mali et du Sénégal. Nous avons également organisé des manifestations pour dénoncer ces activités et l’inaction des autorités face à ce fléau, diligenté et diffusé des reportages montrant les méfaits de l’orpaillage sur la santé des populations et de leur bétail avec l’apparition et la prolifération de maladies jusqu’alors inconnues, l’agriculture, l’élevage, la pêche, les déperditions scolaires, les trafics illégaux de toutes sortes dont des drogues, la calamiteuse détérioration de la faune, de la flore, de l’écosystème du fleuve et de l’environnement. Nous avons élaboré et transmis à qui de droit des rapports et des mémorandums, organisé des tournées de sensibilisation à plusieurs reprises dans une centaine de villages. Nous avons aussi effectué des plaidoyers partout, notamment auprès de plusieurs organisations non gouvernementales.

Monsieur le Premier ministre, malgré nos efforts, et le nombre d’actions menés, nous n’avons pas obtenus les résultats escomptés. En effet la situation empire, du fait particulièrement de la délivrance par Monsieur OUMAR SARR, ancien ministre des Mines, de plusieurs permis d’exploitation aurifère qui ne respectent ni le CODE DE L’ENVIRONNEMENT, ni ne se SOUCIENT DE LA VIE DE NOS POPULATIONS. Je vous fais parvenir en annexe la lettre ouverte qui lui avait été adressée à ce sujet et dont l’honorable député, Guy Marius SAGNA, a eu l’amabilité de se saisir pour l’interpeller lors de l’un de ses passages à l’Assemblée nationale.

Pour vous permettre de mesurer l’ampleur du désastre qui se joue sur la Falémé et le dur combat que nous menons, je vous fais parvenir ci-joint, une clé USB contenant une documentation, des reportages et des images qui, à eux seuls, constituent des preuves des méfaits de l’orpaillage autorisés par OUMAR SARR. Ils constituent également des arguments éloquents en faveur d’actions urgentes à mener pour mettre fin à la mise à mort de notre fleuve agonisant et pour la protection des populations riveraines, pour lesquelles, la FALEME EST VITALE. Pour mettre fin à cette désastreuse situation, nous vous prions, Monsieur le Premier Ministre d’instruire le ministre des Mines afin :
Qu’il abroge immédiatement toutes les autorisations d’exploitation aurifère qui se situent à moins de 20 kilomètres des rives de la Falémé et à moins de 10 kilomètres des rives de ses affluents. Ces derniers sont au nombre de 58 du côté de notre pays
Qu’il saisisse ses homologues des républiques sœurs du Mali et de la Guinée pour que ces derniers fassent de même
Qu’il abroge immédiatement les autorisations d’exploitation semi mécanisées accordées à des Chinois ou entreprises chinoises présentes actuellement au niveau des villages de Aliguel, Moussala, Dioubeba, Sokoto, Koba Sansangoto, Yelimalo, en un mot toutes autorisations qui concernent les communes de SADATOU, MADINA FOULBE et TOUMBOURA.

Nous vous prions, Monsieur le Premier Ministre d’instruire également les Ministres des forces armées et de l’intérieur, de solliciter leurs homologues des républiques sœurs du Mali et de la Guinée, pour que les forces de défense et de sécurité des trois pays mettent tout en œuvre pour faire déguerpir les orpailleurs de l’emprise de la Falémé et pour que soit mise en place UNE BRIGADE PERMANENTE CONJOINTE de surveillance et de répression des activités d’orpaillage le long du fleuve.

Monsieur le Premier Ministre, je vous garantis que si les décisions ci-dessus sont prises et appliquées avant la fin du mois de mai 2024, les eaux du fleuve retrouveront leurs puretés naturelles et que tout rentrera dans l’ordre, pour le bonheur des populations riveraines et pour la sauvegarde de son environnement. En effet, si les activités d’orpaillage cessent avant la prochaine saison des pluies, les eaux de crues hivernales draineront les eaux polluées pour les jeter à la mer. Ce qui protègera aussi les eaux du fleuve Sénégal dont la Falémé constitue 25% des apports en eau. Il faut souligner que le Lac de Guier qui alimente notre capitale, reçoit par le biais du fleuve Sénégal, les eaux de la Falémé, c’est le danger que constitue aussi la pollution des eaux de notre fleuve.

Monsieur Le Premier Ministre, me référant à la volonté de rupture dans la gouvernance de notre pays de votre gouvernement, exprimée et réaffirmée à plusieurs occasions, me basant également sur ce qui fonde cette nouvelle gouvernance, à savoir, entre autres, la transparence, l’intégrité, la justice, l’équité notamment territoriale, la lutte contre la corruption sous toutes ses formes, à tous les niveaux et en tout lieux et enfin L’EFFICACITÉ, j’ose espérer que nos doléances seront entendues

Monsieur le Premier Ministre, l’arrêt immédiat de toutes activités d’orpaillage sur l’emprise de notre fleuve est, pour nous, un test grandeur nature de l’efficacité que vous prônez.

Comptant sur votre prompte réaction et dans l’attente d’une suite favorable à nos demandes d’abrogation rapide des autorisations d’exploitations minières dont celles semi-mécanisées accordées aux chinois, je vous prie de croire, Monsieur Le Premier Ministre, en ma très haute considération. »

Messieurs le Président de la République, le Premier Ministre, le ministre des Mines, le ministre de l’Environnement, nous vous prions instamment de revoir le contenu du décret annoncé afin de mieux tenir compte de nos légitimes requêtes contenues dans notre correspondance citée ci-haut.
Dans l’attente d’une prompte et favorable réponse, nous vous prions de croire, Messieurs le Président de la République, le Premier Ministre, le ministre des Mines, le ministre de l’Environnement, en notre très haute considération.
Pour Le Président du Comité de Veille et d’alerte de la Falémé Mali-Sénégal (CVAF/MS)


Opa GUIRO

PS : séjourne actuellement en France au
37 rue de la justice
68100 Mulhouse (France)
Tel : +33610594079 (WhatsApp également)

 

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