Youssou Ndour : Roi du conflit d'intérêts culturel

Youssou Ndour, le roi du mbalakh est un homme à part. Surtout dans le milieu de la culture sénégalaise. Voilà quelqu’un qui, non satisfait d’être le roi de notre musique nationale, a décidé, par une stratégie sournoise, de faire main-basse sur notre culture.

La stratégie est tellement rodée que les acteurs culturels n’ont vu que du feu. Et jusqu’à présent, peu de gens prennent conscience de l’omniprésence de You, sa bande et sa fratrie dans ce secteur d’activité. On peut reprocher tout àu natif de la Médina, mais pas de ne pas être futé.

Et c’est ça qui fait sa force. Conscient qu’il est intellectuellement limité, l’homme s’est toujours entouré des meilleures compétences pour fructifier son business ou faire avancer ses idées. Entrepreneur hors pair, il peut se gargariser d’être parmi les plus grands employeurs du Sénégal. Un statut qu’aucun acteur culturel ne peut lui rivaliser.

Sauf qu’à force de vouloir tout caporaliser, Youssou Ndour a  commencé à se faire des adversaires, pour ne pas dire des ennemis. S’il jouit d’une popularité jamais démenti, côté business par contre, c’est un  patron comme tous les autres. C’est à dire, un homme qui ne raisonne que par le chiffre d’affaire et le bénéfice.

Une sœur PCA de la SODAV

Et pour accroître le chiffre d’affaire et le bénéfice, il faut trouver les bonnes niches et les bons plans. Et sur ces points-là, You est un as en la matière. Ancien ministre de la Culture et du Tourisme, il a quitté ce département et le gouvernement pour mieux développer ses affaires en plaçant ses « Hommes » de main dans des postes stratégiques. On nous rapporte que le président Sall lui-même lui vaut un respect sacro-saint qui frise la peur.  Car le Roi du Mbalax est puissant et très influent. Et comme tous les rois ont des désirs, Macky à nommé un de ses proches collaborateurs ministre-conseiller.

A la Société du droit d’auteur et des droits voisins (SODAV), il a placé sa sœur Ngoné Ndour, comme Présidente du Conseil d'administration. Ngoné Ndour est une productrice de Prince Art qui appartient à…Youssou Ndour. La sœur du chanteur a réussi la prouesse, lors du vote, d’obtenir 11 voix sur 28, « devançant l’écrivain et éditeur Seydi Sow (7 voix), le musicien et producteur Mansour Jacques Sagna « Aladjiman », l’écrivain et éditeur Elie Charles Moreau, le producteur de cinéma Joseph Sagna, qui ont, chacun, obtenu trois voix », annonçait l’APS. Quelle dame!

La mission de la SODAV est de négocier avec les utilisateurs des répertoires, percevoir les redevances et les répartir aux artistes ayant-droits, financer les actions sociales et culturelles et d’ester en justice. C’est à la tête de cette importante structure que trône désormais Ngoné Ndour. Et mnifestement, il peut y avoir un conflit d'intérêt avec la personne de Ngoné, frangine de You à la tête de cette structure culturelle. 

Main-basse à la Place du Souvenir Africain

De l’autre côté de la Corniche, Youssou Ndour a bombardé Adja khady Sy Bâ, coordinatrice nationale des femmes du mouvement «Feeké ma ci boolé», administratrice de la Place du Souvenir. Un haut lieu de la culture qui a été conçu « comme une sorte de rempart contre l’oubli par la jeunesse en particulier, des figures emblématiques de leur histoire. »

Ce lieu « se présente comme une sorte de musée dynamique où pourront y figurer des expositions portant d’une part sur une présentation multimédia des figures de la résistance africaine et sur les grands hommes de la culture, d’autre part. » Ainsi, cet espace a pour vocation de présenter « au public africain et du monde entier, une partie de la mémoire de l’Afrique et de la diaspora à travers ses grands hommes et ses grandes femmes. »

Elle a aussi entre autres pour missions, « l’organisation d’activités scientifiques et culturelles parmi lesquelles des cycles de conférences, des expositions, des manifestations artistiques, dont l’objectif est de créer un cadre de rencontres et d’échanges autour du panafricanisme et de la renaissance africaine mais aussi promouvoir le dialogue fécond des civilisations et des cultures. »

Un empire médiatique et de production musicale

Trônant à la tête du groupe de presse privée le plus important du pays, Groupe Futur Médias (le journal Lobservateur, le plus grand tirage du Sénégal, les radios Rfm (radio la plus écoutée) King Fm, la télé TFM et le site IGFM), Youssou Nour est un magnat des médias. Il se dit qu’il n’est pas bon d’être en conflit avec lui. Thione Ballago seck ne vous dira pas le contraire.

Patron de Prince Arts, la société de productions musicales et audiovisuelles la plus importante du Sénégal, la société créée en 2017 a hérité de l’énorme patrimoine du Label Jololi. Prince Arts a à son compte « plus de 500 chansons et d'une dizaine de téléfilms et de concerts produit. »

Elle produit les artistes comme Pape Diouf, Titi, Aida Samb, et de nombreux autres artistes. La structure produit aussi « des émissions télé comme Sen P'tit Gallé, Sen P'tit Génie », non sans oublier le P'tit Bal des enfants et le Grand Bégué de Pape Diouf. La boîte manage et gère les carrières des artistes qu'elle produit. En somme, Prince Arts est l'Alpha et l'Omega dans le showbiz au Sénégal.

Des conflits d’intérêts à la pelle

Il se murmure que quand vous n’êtes pas produit par prince Arts, vous avez peu de chance de bénéficier de l’exposition médiatique des supports du groupe GFM. C’est le cas notamment du jeune Wally Seck, qui cartonne depuis des années. Un exemple parmi tant d'autres.

Et cette propension à être premier dans tous les secteurs en y plaçant ses proches dans les secteurs clés fait désordre. Supposons qu'un artiste soit en opposition avec la Rfm par rapport à ses droits d'auteur, où va t-il se plaindre ? N'est ce pas auprès de la SODAV ?

L'artiste Fallou Dieng s'est vu chipper son émission par Bouba Ndour, petit-frère de You. Le roi des "ambianceurs" s'est plaint publiquement.  Et pourtant, rien à été fait par la patronne de la Sodav pour que Fallou Dieng soit rétablie dans ses droits.

Youssou Ndour, qu’on le veuille ou non, est un génie. Peu de gens réussiront ce qu’il a fait. Il ne doit pas sa réussite à son aura international. Il le doit à son humilité à reconnaitre ses limites et à recruter les meilleurs. Il est dans toutes les sauces sans que personnes ne s'en rende compte. Pourquoi ? Parce qu’il réussit à s’effacer au profit des « Hommes » de confiance qu’il a choisi.

Son univers est à la fois, un mélange de conflit d’intérêts et de savoir-faire. Il est le seul à détenir le secret du pourquoi. Cependant, ce mélange de genre qui ne dit pas son nom risque a termes, de produire du bordel. Parce que comme dit l’adage, « qui embrasse trop, mal étreint ». Youssou Ndour doit desserrer l’étau de son emprise sur la culture sénégalaise. Car le risque est qu’on se retrouve dans une sorte de monopole qui ne dit pas son nom. Et là, ce sera la révolte et le début de la fin d’une épopée.

ReseauNews