Ils ont été dès les premières heures de la naissance de l’Apr, les « hommes de réconfort » de l’actuel locataire du Palais qui était dans la ligne de mire du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) pour crime de lèse-majesté en 2011. La suite ne se raconte pas. Ils l’ont accompagné dans les moments de solitude et de doute, ils l’ont rassuré au point de nouer « l’alliance » qui portera au pouvoir Macky Sall.
Moustapha Cissé Lô et Alioune Badara Cissé : deux hommes politiques appartenant au même parti politique. Ils n’usent guère du langage boisé quand il s’agit de se prononcer sur la marche du pays ou de l’Apr. Quitte à déplaire à leur camarade de parti et angoisser le président Sall dans un contexte socio-politique tendu. Leurs sorties sont d’autant plus inquiétantes pour le pouvoir que la politique gouvernementale est sévèrement critiquée par les opposants et qu’Idrissa Seck, son principal challenger en perspective des élections de 2019monte en puissance.
Il est vrai que le président Sall a une expérience solide du combat politique, mais faire face à des adversaires de son propre camp relève d’une autre paire de manche. Sorti victorieux, mais éprouvé et aguerri par les combats politiques qu’il a mené contre celui qui fut son géniteur politique, Me Wade, l’ancien maire de Fatick a l’art d’user la ruse, la carotte et le bâton. Il ne peut en être autrement après avoir été l’élève de celui qui a « usé la ruse » et qui continue encore d’être le maître du jeu politique sénégalais, Abdoulaye Wade.
Macky Sal sait se battre, et qu’importe l’adversaire et le contexte politique du combat à livrer, il ne recule devant rien, et n’aime pas les empêcheurs de tourner en rond. Le député maire de Dakar : Khalifa Sall et Karim Wade qui nourrissaient malicieusement des ambitions présidentielles, en savent quelque chose. L’homme a sorti les armes non-conventionnelles pour les neutraliser.
Dans le contexte actuel, il va devoir recourir à une autre alchimie pour se parer des attaques frontales venant del’intérieur de sa formation politique, et menées par le téméraire Cissé Lô, vice-président de l’Assemblée nationale et président du Parlement de la CEDÉAO, et ABC, médiateur de la République et ancien ministre des affaires étrangères. Les deux sont tous membres fondateurs de l’Apr. Et chacun d’euxrevendique au même titre que le président, la paternité et un droit de regard critique sur la formation politique où la guerre de succession est déjà entretenue par certains caciques au détriment de la réélection de Macky Sall qui est la fixation obsessionnelle de l’actuel chef de l’Etat.
Mais c’est sans compter avec les « deux rebelles marrons » qui ambitionnent de prendre les commandes du parti après le deuxième mandat de l’actuel président de la République.Moustapha Cissé Lô mise sur sa fougue et de son « parcours-modèle » d’homme d’affaires qu’il n’hésite pas à rappeler sur les plateaux cathodiques. Il est cependant politiquement amoindri à Touba et à Mbacké où il avait sa base qui s’est effritée au profit du Pds à cause de ses relations heurtées avec certains « chefs religieux Mbacké-Mbacké » et de sa langue qui ne fourche jamais.
Quant à Alioune Badara Cissé appelé affectueusement ABC,le Saint-louisien a créé son cercle politique au fort relent d’un mouvement politique. Il ne se prive pas en tant que médiateur, censé jouer le rôle de régulateur social, de dire ses quatre vérités. « Ces agissements relèvent de la déloyauté envers le Président » nous souffle un proche du Chef de l’Etat.
Comment le président Sall compte-t-il faire rentrer dans les rangs des adeptes de la dissonance qui voient en sa personneun adversaire dont il faudra faire face ? C’est un jeu à quitte ou double pour l’ancien Premier ministre dont l’issue est incertaine.
KMNGN-RESEAUNEWS