Du vendredi 21 au dimanche 23 février, le Parti socialiste (PS) a rendu hommage à son défunt Secrétaire général Ousmane Tanor Dieng. Mais le clou des hommages, c’est la cérémonie organisée le dimanche 23 février à la maison du parti baptisée Léopold Sédar Senghor et qui a réuni les socialistes pro-Tanor.
Mais cette dernière journée aura singulièrement été marquée par la présence du président de la République Macky Sall et d’Idrissa Seck leader de Rewmi, arrivés respectivement 1er et 2e lors de la dernière élection présidentielle. On inhale encore les effluves des encens émanant des louanges chantés en l’honneur du disparu.
L’homme d’« Etat », l’homme politique et Tanor l’humaniste, ont été magnifiés. Comme dans une véritable opération de béatification, Tanor, tel un « bienheureux », a été loué par ses partisans et ses alliés et ses amis post-mortem comme un leader exemplaire dans sa foi socialiste. Sans nul doute, les prochains hommages lors de l’anniversaire de son décès canoniseront à jamais l’homme de Nguéniène.
Mais quand ces journées d’hommage ont été annoncées pour les 21, 22 et 23 février, nous avions cru qu’un de ces jours coïncidait avec l’anniversaire de la disparition de cette figure marquante du socialisme sénégalais. Que nenni ! Tanor a tiré sa révérence le 15 juillet 2019. Alors qu’est-ce qui explique ce besoin irrépressible de rendre hommage à l’ex-président du haut Conseil des collectivités territoriales (HCTT), sept mois après son décès ? Surtout qu’en maintes occurrences, des instances du PS ont consacré une pluie d’hommages en l’honneur de leur leadeur disparu.
Le mercredi 10 octobre 2019, lors de la rencontre du secrétariat exécutif national du parti socialiste élargi aux membres du HCCT, les verts, sous la houlette de la très controversée secrétaire générale du PS Aminata Mbengue Ndiaye, ont magnifié l’œuvre de Tanor. Et lors de la prise de fonction d’Aminata Mbengue Ndiaye au HCCT, un hommage particulier lui a été encore rendu à l’auditorium du HCCT.
Certainement qu’on nous rétorquera que jamais les jours ne suffiront pour rendre hommage à une personnalité politique de la trempe de Tanor. Mais dans une lecture profonde, on considère que la cérémonie du 23 février était plus une onction confirmative de l’adoubement d’Aminata Mbengue à la tête du PS, une rencontre arrangée entre adversaires politiques que de louer les hauts faits tanoriens. Certes Aminata Mbengue n’a pas tari d’éloges à l’endroit de son prédécesseur au HCCT et au Secrétariat général du PS, mais il était surtout question d’introniser par l’organisation cérémonielle la nouvelle reine socialiste qui s’est accaparée sans fondement légal les rênes du Parti de Senghor au lendemain de la disparition de Tanor.
Et par l’acte, la présidente du HCCT élève au pinacle son défunt mentor pour mieux lui offrir un enterrement de première classe et se promouvoir. Sous l’angle de la psychanalyse, l’initiative nous offre une démonstration parfaite du complexe d’Œdipe. En enfermant Tanor dans le sarcophage des louanges et en l’embaumant de magnificences, Aminata, œdipienne, ensevelit malicieusement le père, celui dont l’image hante encore la maison Léopold Sédar Senghor. Et ce, pour mieux exister soi-même et se réaliser sans le regard critique des autres.
D’un autre côté, l’hommage à Colobane a permis de réunir comme par hasard, comme par miracle, les deux premiers candidats de la dernière présidentielle en l’occurrence Macky Sall et Idrissa Seck. Pourtant avant l’an 2000 et même après, ces derniers qui n’ont jamais, politiquement été ami de Tanor lui tressent des couronnes post-mortem et l’on encensé au point de toucher les âmes sensibles.
Quel populisme ! Quelle démagogie ! Pourtant, les véritables politiques en tête Khalifa Sall et ses partisans qui ont blanchi sous le harnais du socialisme et qui devaient honorer Tanor n’ont pas été invités à prendre part à cette cérémonie d’hommages. C’est dire que le plus important lors ce rassemblement, c’était indépendamment de l’adoubement d’Aminata de favoriser la rencontre entre Macky et Idy. Y a-t-il un deal qui a abouti à favoriser la rencontre entre le Rewmiste en chef et le leader des beige-marron ? Les gloses et les supputations vont bon train pour éclaircir cette rencontre chevillée sur le prétexte d’un hommage à Tanor.
En effet, le fait marquant de cet hommage à Tanor, n’est pas les discours mielleux prononcés à l’égard du disparu mais les embrassades des bisounours Macky Sall et Idrissa Seck naguère ennemis politiques jurés. Le large sourire banania du leader de Rewmi et le rictus du président lui serrant la main ont ravi la vedette à la flopée d’hommages à Tanor. Et la presse surtout écrite a consacré ses « unes » sur les éventuelles retrouvailles entre ces deux anciens Premiers ministres de Wade, reléguant au second plan l’hommage rendu au leader socialiste.
Et baignant dans une atmosphère paisible, Macky de tenir devant les leaders de l’opposition présents à la maison Senghor un discours lénifiant qui rabiboche la rupture entre pouvoir et opposition. Ainsi, Tanor est enterré pour sceller le début de retrouvailles entre Macky et Idy. Cheikh Yérim disait que les deux se parlent même si c’est par personne interposée.
Et la rencontre non fortuite avec toutes les bondieuseries qui l’ont enjolivée montre à suffisance que le véritable motif de la cérémonie de Colobane, c’était de jeter les bases d’un rapprochement entre les deux champions de la dernière présidentielle. Le concert d’hommages et de louanges à Tanor n’est que subterfuge pour adouber Aminata Mbengue Ndiaye contestée au sein du PS et apaiser les relations tendues entre Macky Sall et Idrissa Seck.
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