Et parmi les opposants, Idrissa Seck était celui qui était le plus surveillé. Idrissa Seck qui était à Paris juste après le séminaire des cadres de son parti dans la Petite Côte, n'a cependant reçu aucun responsable politique sénégalais dans la capitale des lumières, renseigne un de ses proches.
D'ailleurs, ce séjour parisien a fait croire à certains pontes du régime que Idrissa Seck n'allait pas participer à la manifestation. Mais malgré cela, ils ont maintenu un œil ouvert sur ces mouvements dans capitale française, surtout qu'au même moment, Macky Sall y séjournait.
Filature depuis Paris
C'est dire que les renseignements généraux avait l’ancien Premier dans le viseur depuis Paris. Ainsi quand le Président du Conseil départemental de Thiès a pris place, le mercredi le 18 avril, à bord d’un avion d'une compagnie aérienne très réputée pour rallier Diass, Paris a aussitôt informé Dakar du départ du patron du Rewmi.
Ainsi, la filature initiée depuis Paris, pouvez se poursuivre à Dakar. La question qu'il fallait régler, c’était de savoir quand, et à quel moment il fallait l'arrêter. L’arrêter dans la nuit du 18 au 19 avril aurait fait basculer l'opinion et embraser la capitale sénégalaise. Une erreur que ne peut se permettre le régime.
Une arrestation rondement planifiée
Finalement, le Ministère de l’intérieur à retenu le même scénario pour tous les opposants et acteurs de la société civile engagés dans la croisade contre le projet de réforme constitutionnelle. Sauf que pour Idrissa Seck, un dispositif spécial a été mis en place pour l’épier depuis son domicile.
De ce fait, tous ses faits et gestes n’étaient pas étranger à la Place Washington qui en informait directement la Présidence de la République. Car le dossier est sensible du fait de la carrure et du charisme de l'homme ; mais aussi, du fait des fonctions d'ancien Premier ministre qu’il avait occupé.
En somme, son arrestation, loin d’être un hasard, avait été rondement planifié. Le scénario, « c'était de l’arrêter en quelque sorte en flagrant délit » pour pouvoir justifier juridiquement son interpellation, confis une source sécuritaire. Ce que le Gouvernement a réussi, puisque celui qui fait office de figure de proue de l’opposition, a été arrêté pendant qu'il se rendait à la manifestation qui n’était pas autorisée par le préfet de Dakar.
Une thèse qui se confirme de plus en plus, car l'avocat de Idrissa Seck, Me Aly Fall confirme que le Gouvernement reproche à son client « d’avoir participé à un attroupement qui n’est pas autorisé ». La stratégie a bien marché et le piège s’est fermée. C’est la stratégie des régimes qui tendent vers l'autoritarisme.
Marie DIOP