«En politique , rien n’est impossible » dit-on. L’adage est conforté par le soutien du leader de pastef les Patriotes Ousmane Sonko sur les mesures prises par l’État contre Coronavirus. Au lendemain de l’annonce de S.E .M Macky Sall sur les mesures pour faire face à cette pandémie , la presse titre « Ousmane Sonko salue les mesures contre Coronavirus annoncée par S.E.M Macky Sal ». Dans un contexte de où la santé publique est menacée , le leader de Pastef Les Patriotes a compris que l’heure est à l’union et à la « solidarité ». Tout comme le Président de la République , Ousmane Sonko a invité « tous les Sénégalais de suivre à la lettre les recommandations d'hygiène personnelle (lavage des mains, etc.) et de limitation des interactions (poignée de mains, rassemblements, etc.) ». Malgré les discours de l’opposition et de son S.E.M Macky Sall , les sénégalais n’ont pas respecté l’interdiction de « rassemblements » . Contrairement à la mesure prise par les autorités gouvernementales ainsi que l’Association des Imams et Oulémas du Sénégal, la Grande mosquée de Touba a effectué la prière du vendredi en plus d’une bataille rangée entre forces de l'ordre et fidèles à Guinaw Rail. Pourquoi le message de S.E.M Macky Sall n’est pas passé auprès des chefs religieux ? Que peut faire le président de la République ? Entre la lutte contre le virus et le respect des pratiques religieuses , notre président est dans une situation assez difficile.
Comme tous ses homologues , S.E.M Macky Sall a pris des mesures contre cette pandémie dans le monde . Le président de la République qui a réuni le Comité national de gestion des épidémies a pris 5 mesures pour endiguer la propagation du Coronavirus. Il s’agit :
1. de l’annulation pour une durée de 30 jours de toute manifestation publique;
2. la fermeture du port pour les bateaux de croisière;
3. de la fermeture des écoles, universités et crèches pour 3 semaines à partir du lundi 16 mars 2020;
4. de renforcer les moyens de lutte contre le virus pour le personnel de santé;
5. de l’arrêt des formalités pour les pèlerinages religieux.
Il faut ajouter la mesure prise le mercredi 18 mars 2020 par le Ministre du Tourisme Alioune Sarr : la fermeture totalement des frontières aériennes .
Ce sont presque les mêmes mesures prises par les pays touchés . Il fallait une adaptation des mesures aux réalités culturelles et cultuelles. Sur un ton moins ferme , le Président Macky Sall a invité les chefs religieux à être les relais des autorités pour l’application strictes des mesures sanitaires visant à endiguer et à lutter contre le Coronavirus. Avait-il raison de s’en remettre à la responsabilité des chefs religieux ?
S.E.M Macky Sall a une posture très inconfortable malheureusement dans ce combat . Il est confronté au principe républicain mentionné dans l’article 1er de la Constitution qui dispose que le Sénégal est une République « laïque, ... » . La laïcité est un principe républicain qui implique une obligation « d'impartialité ou de neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses ». L’État n’aurait pas droit à intervenir sur les décisions religieuses. Le président de la république l’a bien compris en se remettant à la responsabilité de nos religieux. Comment pouvait-il interdire la prière du vendredi tout en étant restant respectueux des normes supérieures du pays ? La constitution ne lui permettait pas d’interdire des pratiques religieuses. Il serait par ailleurs confronté à la liberté religieuse protégée par notre constitution. Cependant « sous réserve de l’ordre public » , le président de la république pourrait intervenir contre des pratiques religieuses (art.24 Constitution). Le maintien de l’ordre public incombe certes le Président de la République mais avec l’aide des représentants de l’État dans les collectivités. Les mesures prises dans ce contexte de pandémie devaient être appliquées par les représentants de l’État. Ces derniers adapteraient les mesures proportionnées aux administrés de Touba ou de Guinaw Rail. De là naisse une obligation patriotique : les élus locaux doivent appliquer les mesures du gouvernement pour le bien de tous sans interprétations « politiciennes ».L’intérêt général doit transcender les intérêts politiques : que les élus locaux respectent les mesures des représentants de l’État.
La seule voie pour la fermeture des mosquées est la soumission volontaire des chefs religieux aux mesures annoncées par le chef de l’État S.E .M Macky Sall. Ce dernier ne pourrait , pour des liens très étroits entre l’État et la religion, faire face à la motivation des fidèles. S.E.M Macky Sall l’a compris et s’en remet au sens de la responsabilité des religieux .
Faut-il braver les chefs religieux ? La question est là
Oumar Bâ