Où va notre pays ? Avant son arrivée à la tête du Sénégal, l’actuel président, Macky Sall, avait promis de faire mieux que son prédécesseur, Abdoulaye Wade qui, il faut bien le dire, avait fini par tomber en disgrâce en raison de son entêtement à se maintenir au pouvoir vaille que vaille.
A l’élection de Macky Sall en 2012, les Sénégalais pensaient avoir définitivement ouvert une nouvelle page de l’Histoire de ce grand pays. Nous pensions que l’ère Macky apporterait prospérité et bien-être à des millions de Sénégalais. Nous pensions aussi que l’ère Macky mettrait fin à une corruption endémique, au népotisme, au chômage galopant (+15%) qui pousse des milliers de jeunes à braver les océans au péril de leurs vies à la recherche d’un avenir meilleur en Occident. Sept ans plus tard, il n’en est rien.
Je serai de très mauvaise foi d’affirmer que Macky Sall n’a rien réalisé. Mais, à l’échelle nationale, ses réalisations ont été très en-deçà de ce que le peuple attendait de lui. En effet, le Sénégal est devenu un pays où les mauvaises conditions de vie ont un impact négatif sur la performance de la jeunesse. Nous ne sommes plus performants, ni sur le plan sanitaire, ni sur le plan économique, ni sur le plan sportif, encore moins sur le plan éducatif.
Sur le plan sanitaire, le constat est alarmant : le pays manque sérieusement de matériels sanitaires. Les hôpitaux sont délabrés, le matériel obsolète, le personnel désorganisé et souvent très mal formé, comme l’a si bien expliqué le professeur Cheikh Tidiane Touré, président de l’Association des Chirurgiens d’Afrique Francophone dans un article publié le 22 février 2017 sur Le Quotidien.
Sur le plan économique, le Sénégal a été placé parmi les 25 pays les plus pauvres de la planète en 2015 par un rapport du FMI (Fonds Monétaire International), alors que le gouvernement qui est au pouvoir nous bassine avec son fameux PSE (Plan Sénégal Emergent). Emergence pour qui ? Pour le bas peuple qui n’arrive plus à joindre les deux bouts ? Ou pour le Président et son entourage qui se partagent le gâteau ? Il faudrait bien que nous explique.
Pourtant, le pays est loin d’être pauvre. Nous avons découvert le pétrole et le gaz. Reste à les exploiter. Mais là aussi, nous avons noté des couacs. En effet, cette richesse, qui devait servir à investir davantage dans les infrastructures (routes, péages, aéroports, transports maritimes et ferroviaires), des centres de santé équipés et à investir dans l’éducation afin de former une jeunesse qualifiée, est en train d’être bradée. L’affaire Petro-Tim qui défraie la chronique depuis plusieurs semaines est la preuve que nous avons encore du pain sur la planche.
Sur le plan sportif, même s’il faut un peu nuancer (car notre équipe de football est l’une des meilleures sur le continent), il convient de souligner que des dysfonctionnements notés dans ce domaine nous rendent moins performants. En Basket, nous avons été les meilleurs il y a quelques années. Aujourd’hui, une corruption systémique empêche nos braves lions de remporter des sacres à l’échelle continentale ou mondiale. D’ailleurs, il y a quelques jours, Baba Tandian, ex président de la Fédération sénégalaise de Basket accusait son successeur, Babacar N’diaye, de corruption.
Le plus grave dans tout cela est la mort lente du génie sénégalais en raison d’une corruption qui sévit dans le pays. En effet, ces dernières heures, la presse a fait écho d’une anomalie dans l’épreuve de mathématique (de notre prestigieux Concours Général) qui risque d’être annulée car des parents affirment que ladite épreuve était téléchargeable sur internet et que des élèves l’avaient déjà traitée. Un scandale !
Je rappelle qu’en 2017, sous Macky Sall, des fuites massives d’épreuves de Bac avaient suscité un tollé général sur toute l’étendue du territoire. Une situation inédite à laquelle nous n’avions jamais assisté. Et en tant que professeur de langues étrangères ayant fait une bonne partie de mes études au Sénégal, je ne peux cacher ma préoccupation.
Aujourd’hui, il n’y aucun doute qu’il y a une volonté claire (de la part d’une élite sénégalaise corrompue) de tuer le génie sénégalais. Le Concours Général auquel j’ai été lauréat en 2004 est un concours sacro-saint qui doit être préservé comme un patrimoine intellectuel par nos hommes politiques.
L’avenir de notre nation est entre les mains de ces centaines de lauréats (en Maths, en Littérature, en Histoire, en Physique, en SVT, en Chimie, en Philosophie, en Biologie ou en Langues étrangères…) qui, demain, si on leur donne les moyens qu’il faut, pourront sortir le Sénégal de l’ornière. Un seul constat : l’heure est grave et la situation politico-sociale de notre pays est catastrophique.
Cheikh Dieng