Je voulais rendre un vibrant hommage à Mamadou Diop Decroix, sauvagement agressé, ce mardi, à Dakar, par la police de Mackyllage Sale, lors d'une manifestation de l'opposition. Mais, j'ai vu qu'' Idrissa Fall Cissé l'a fait avec brio et talent (Je reprends ci-dessous son excellent texte ).
Je connais l'homme pour l'avoir rencontré à Aj/Pads. A l'époque, j'etais un jeune étudiant engagé et intéressé par les partis de la gauche communiste. Au Sénégal, AJ, était, non seulement, le meilleur parti pour connaitre et comprendre la pensée de Marx, et aussi la bonne école qui formait les bons militants. Un militant intelligent et rebelle et qui osait taper sur la table s'il n'était pas d'accord avec la direction du parti. Rien à voir avec la marmaille aperiste.
Revenons sur Decroix. Je ne le cache pas, j'ai beaucoup de respect et d'estime pour l'homme. Ils sont rares, dans le paysage politique senegalais, ceux qui ont son parcours de militant et de combattant pour le triomphe des droits et des libertés démocratiques. Il en a payé le prix cher comme l'a bien décrit Idrissa Fall Cisse:"
"Cet homme que vous traînez par terre avait été exclu de l’Université de Dakar et enrôlé de force dans l’armée en mars 1971... Il a payé le prix, bien plus souvent qu’à son tour, pour qu’un tel droit soit respecté. Il ne l’a pas fait tout seul mais il n’a pas cessé de le faire. Cela lui a valu de nombreuses arrestations: en 1968, 1969, 1971, 1975,1980, 1985. Il a été victime d’un traumatisme crânien en 1989, résultat d’une intervention policière musclée à la suite d’un sit-in d’un syndicat de l’ex-Oncad, dont il était le dirigeant. Lors de son passage dans l’armée, il a, une fois été laissé pour mort sur le terrain, à la suite d’un engagement avec l’armée colonialiste portugaise. C’est pas cette énième arrestation qui lui fera reculer. C’est un combattant dans l’âme."
Adama Diouf