Monsieur Le Président,
Soyons direct, en 2020, les Africains n’accepteront plus la mise au pas des peuples qui veulent se libérer de l’obscurantisme et la cupidité de dirigeants imposés de l’extérieur. Bis repetita placent …On prend les mêmes et on recommence avec la situation politique au Mali, l’Histoire ayant parfois cette fâcheuse tendance à bégayer.
Haïti 1825, la France lui impose de payer à prix d’or sa nouvelle indépendance. En 2020, les maliens, à leur tour, se retrouvent soumis à un chantage alimentaire et financier pour avoir osé remettre en cause un ordre dit constitutionnel leur imposant un dirigeant à partir de l’étranger.
Avant le 18 aout 2020, les Maliens ont utilisé toutes les voies pacifiques pour interpeller la communauté internationale y compris la France au sujet de la corruption endémique et de la fraude électorale dans leur pays. Ils ont exigé la réforme du Conseil constitutionnel, la démission des certains députés, puis du Premier Ministre et même celle du Président déchu Ibrahim Boubakar Keita. Personne n’a rien vu. Personne n’a rien dit.
Cependant, dès le lendemain du 18 aout, la France et la communauté internationale, visiblement prise de court par le coup d’état malien, décident d’opposer un embargo économique et financier ; prétextant un « Changement anticonstitutionnel de pouvoir ». L’ironie de la situation veut que non loin de là d’autres satrapes briguent des troisièmes mandats présidentiels après avoir comme toujours tripatouillé leur Constitutions. Cherchez l’erreur…
Nous ne sommes pas dupes : la main invisible de la diplomatie française est aux manettes derrière les positions tranchées de l’Union Africaine, la CEDEAO, l’ONU et même l’Union Européenne sur la situation politique au Mali.
Il est bon de rappeler que la prescription du « Changement anticonstitutionnel de gouvernement » n’a pas été conçue contre les peuples, véritables détenteurs de la souveraineté, mais pour précisément les protéger contre des dictateurs qui, sitôt arrivés, même démocratiquement, au pouvoir, détruisent les mécanismes démocratiques d’accession au pouvoir. Contrairement à la position adoptée par l’Union européenne suite au « hold-up » électoral en Biélorussie, nous constatons amèrement que les peuples d’Afrique noire francophone sont toujours abandonnés à leur triste sort par cette même communauté internationale quand leurs gouvernants se transforment en bourreaux. Ils le sont notamment lorsqu’ils dénoncent, comme au Mali, la mal gouvernance chronique, les manipulations constitutionnelles contre la volonté de la majorité des populations ; l’édiction de codes électoraux taillés sur mesure pour perpétuer les régimes en place ; la mise en place d’organes électoraux et de juridictions constitutionnelles à la solde des dirigeants et des partis politiques au pouvoir.
Ainsi dernièrement, on a même pu voir récemment les mêmes dirigeants qui veulent aujourd’hui punir le Peuple du Mali, rejeter les décisions de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples et de la Cour de Justice de la CEDEAO, sans susciter la moindre réaction, encore moins des sanctions internationales.
C’est précisément de ce deux poids deux mesures que nous dénonçons et refusons !
Cette position internationale n’est autre qu’un odieux chantage exercé par des forces et réseaux antidémocratiques tapis au sein des instances internationales (régionales, africaines, européennes, onusiennes), pour lesquels l'amélioration de l'indice de développement humain du Malien et surtout la démocratisation réelle des pays d’Afrique noire francophone n'ont jamais été une priorité.
Le droit de résistance à l’oppression est reconnu en droit international et divers peuples d’Europe en font encore usage aujourd’hui avec le soutien de la communauté internationale. Nous voulons et souhaitons qu’il en soit de même pour les peuples d’Afrique noire francophone. Nous devons tous soutenir les Maliens !
La convergence des organisations de la diaspora africaine – AFRICA TELEMA