LA JEUNESSE SÉNÉGALAISE : UNE RICHESSE SOUS-EXPLOITÉE !

19 - Mai - 2018

Après une tournée de deux mois au Sénégal, nous avons constaté l’importance de la jeunesse sénégalaise, mais surtout son engagement et son désir de changement des pratiques politiques actuelles. La population sénégalaise croit à un rythme rapide. En moins de 5 ans, elle est passée de 12 millions à 15 millions d’habitants.

Et, les moins de 20 ans représentent 55 % de cette population dont le taux annuel de croissance est de 3,8 %. Le taux d’activité dans cette tranche d’âge en 2016, est estimé à 61,2 %. Ce taux variant légèrement en fonction du milieu de résidence. En zone urbaine, il est de 57,2 %, et 66,1 % en milieu rural. Selon le sexe, le taux d’activité chez les hommes est plus important que celui des femmes avec 70,6 % et 53,2 % respectivement, dans cette même tranche d’âge.


En comparaison, les 15-29 ans représentent 1/5ème de la population de l’Union Européenne (à 27 membres), raison pour laquelle beaucoup de démographes européens alertent sur le vieillissement de la population européenne qui pourrait se traduire par un problème économique et par l’impossibilité du maintien de leur système social actuel.


Le continent asiatique compte le plus de jeunes individus : 754 millions. Ce nombre a presque triplé depuis 1950. En 2012, l’Inde et la Chine avaient le record de la population la plus jeune. Cette importante proportion de population jeune, combinée avec une meilleure prise en charge en matière de formation et d’insertion professionnelle est pour beaucoup dans les bonds significatifs notés sur le plan économique de ces deux pays.


Les pays d’Afrique sub-saharienne ont la plus grande proportion de moins de 30 ans dans leur population au monde, avec 70 % de la population sous la barre des 30 ans. Par contre, le taux de chômage des personnes âgées de 15 ans ou plus, est évalué à 13,4%. Ce taux est plus important en milieu urbain où 16,9 % de la population active sont au chômage contre 9,6 % en zone rurale. Selon le sexe, le chômage affecte davantage les femmes (19,3 %) que les hommes (8,1 %).


L’employabilité des jeunes au Sénégal doit au moins se structurer autour de quatre domaines : une formation adaptée aux besoins des entreprises et du nouveau monde dans lequel nous évoluons, le renforcement des entreprises et le développement de l’autoentreprise, une meilleure prise en charge de l’employabilité des femmes et enfin une mise en place d’une vraie politique d’accompagnement et d’insertion des jeune par l’Etat. Puisque la capacité d’absorption par l’entreprise des jeunes qui arrivent dans la vie active n’est pas énorme, les efforts doivent plus se faire dans la promotion de l’autoentreprise, mais dans un secteur formel.


La plupart des jeunes n’ont souvent aucune idée sur les possibilités ou la méthodologie réelle de création de leur propre emploi dans le secteur formel. La majorité des jeunes attendent désespérément le recrutement au niveau d’une entreprise ou se lancent dans le secteur informel, ou tentent vaille que vaille, à s’insérer dans la fonction publique. L’auto-emploi ou devenir entrepreneur n’est pas vraiment bien promu, donc ne tente pas beaucoup de jeunes. Il faut donc promouvoir l’esprit d’entreprise et surtout le développement de la culture d’entreprise durant la formation des jeunes, pour favoriser la création et le développement des TPE et PME viables et pérennes au Sénégal, en dehors des programmes souvent politiciens, onéreux et inefficaces car toujours conçus et mis en œuvre pour entretenir une clientèle politique.


La conséquence d’une telle dynamique permettrait d’aboutir à l’émergence d’une classe moyenne, signe de vitalité d’un pays et surtout de développement économique, susceptible de le positionner en tant que pays émergent.
Sans une politique axée sur la promotion et le développement de l’entreprise, aucune création d’emplois significative ne serait possible. L’entreprise est le moyen par excellence pour résoudre la problématique de la création d’emplois, du soutien de l’investissement public et de la prise en charge de l’action sociale, car c’est bien avec une partie de ses bénéfices, sous forme de taxes et d’impôts, et le paiement des salaires des travailleurs utilisés dans la consommation, que la croissance du PIB se réalise.


L’économie fonctionne sur le principe des vases communicants : création et développement d’entreprises – création d’emplois productifs – augmentation de l’assiette fiscale pour faire face aux besoins sociaux, de fonctionnement et d’investissement de l’Etat ; santé, nutrition, éducation, transport, logement social, infrastructures sociales de base etc.
Il est donc urgent que l’Etat du Sénégal prenne conscience de l’augmentation rapide de la frange jeune de la population et qu’il mette en place une nouvelle approche pour mieux prendre en charge l’employabilité des jeunes, en mettant un accent particulier sur celle des femmes plus impactées par le sous-emploi. S’il ne le fait pas, cette force que constitue notre jeunesse peut constituer une vraie bombe de retardement capable d’exposer le Sénégal aux mêmes troubles qui se passent ailleurs dans des pays africains où la jeunesse est laissée à l’abandon.


Ibrahima Wade, secrétaire générale d’Un Autre Avenir

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