Pour Alioune Ndao Fall, les mots ont-ils une importance ou ne sont-ils que des colifichets, des perles sans valeur que l’on enfile pour faire de la prose de circonstance ? Évoquer Lamartine pour défendre son général en fuite relève de la mauvaise foi, de la malhonnêteté intellectuelle. La critique de Seybani à son intouchable bienfaiteur Macky SALL ne lui a pas plu et sa réponse ad hominem est à la mesure de son mécontentement. On peut avoir des différences de point de vue sur tout. Mais l’intérêt d’un débat est de rechercher la vérité en commun et au moyen d’arguments contradictoires apportés par chacune des parties.
Est-ce un crime de lèse-majesté que d'affirmer que le président Macky Sall prend la poudre d’escampette à chaque fois que le Sénégal est confronté à un mouvement social de grande envergure comme cela a été encore le cas la semaine dernière face à la forte mobilisation citoyenne contre la hausse du prix de l’électricité. Il est pour le moins étrange qu’au milieu de l’agitation, le « général » brille par son absence sur le front des opérations. Comme le décrit si bien mon ami Seybani : « alors que le Sénégal est confronté à une crise économique sans précédent et le front social est en ébullition du fait de la paupérisation des sénégalais et la hausse vertigineuse du coût de l’électricité, Macky Sall, une nouvelle fois, a décidé de prendre la tangente ».
Tout ou presque est faillite dans ce bilan moral, politique, économique, social, institutionnel de la gouvernance de Macky SALL. Ses partisans sont soudainement amnésiques et veulent nous faire avaler que le Président est une icône à canoniser pour ainsi dire. C’est tout juste s’il ne faudrait pas lui mettre une auréole. Or le discrédit est à la mesure de l'espérance qu'il avait suscité au début de son premier mandat. Étonnamment la négociation n’est pas non plus son point fort. Pour lui, fuir le pays et mater les manifestants reste la meilleure solution de contenir la contestation sociale.
Par contre le mépris dans les propos d’Alioune Ndao Fall dénote la négation de toute forme d'engagement politique pour le citoyen sénégalais vivant à l’extérieur du pays : « Quant on est Sénégalais que de nom et qu’on vit à mille lieux du Sénégal on devrait se garder d’insulter le peuple sénégalais ».
Faut-il rappeler à Alioune Ndao Fall que cette diaspora qu’il semble tant vouloir tenir à distance rapporte chaque année au pays plus de mille milliards de francs CFA, c’est-à-dire plus que toute l’aide internationale au développement. La diaspora sénégalaise dont le nombre est estimé entre 2,8 à 3 millions de personnes, soit l'équivalent de la population de Dakar, contribue à hauteur de 1,38 milliard d'euros par an à l'économie nationale, soit le tiers du budget de l’État.
Chacun est libre d’exprimer ses opinions, sans être réprimé et/ou censuré. La majorité est en crise à cause de sa susceptibilité, de son arrogance, de son incapacité à traiter ses opposants d'égal à égal. J'ai la sensation que cette érosion de la liberté d’expression à laquelle on assiste n’est pas due à la censure mais à la pression insidieuse d’une pensée unique qui rend certains sujets tabous.
De toute évidence, le secrétaire national chargé de la diaspora de l’APR en mal de reconnaissance au sein de son parti cherche par tout moyen à se faire remarquer. Sa supposée posture de défenseur du président Macky Sall ne trompe personne. Apparemment, il n’a pas compris le message du peuple sénégalais qui exige désormais un changement de comportement de la part des acteurs politiques.
Autres temps, autres mœurs. L’attitude de ce représentant de la diaspora frôle l’indécence politique. Cela me contraint à dénoncer un état de fait qui choque même ses propres camarades de la DSE. Ceux qui trahissent ainsi leur engagement participent à l’écœurement des Sénégalais pour la participation à la vie politique et citoyenne du pays.
Monsieur Alioune Ndao Fall, nous tentons à travers nos contributions dans les journaux en ligne, dans les réseaux sociaux de livrer nos observations, nos critiques et nos propositions sur la situation politique, économique et sociale actuelle du Sénégal. Certaines positions peuvent sans nul doute déranger ou heurter la sensibilité de la classe politique recyclée par Macky Sall pour soutenir l’indéfendable. Sachez simplement que nos analyses sans complaisance sur l’état de la gouvernance de notre pays ont un regard nécessairement subjectif venant de la part de citoyens sénégalais résidant à l’étranger. Elles sont cependant sincères et ne visent qu’a proposer une autre vision de la réalité politique actuelle au Sénégal.
Et par voie de conséquences elles représentent ma part de vérité.
Ibrahima Thiam,
Président du mouvement UN AUTRE AVENIR