Monsieur le président Macky SALL, ne serait-ce que par respect aux autres africains qui ont combattu aux côtés des tirailleurs sénégalais, votre phrase ou même votre boutade comme dirait votre conseiller en communication, n’a aucunement lieu d’être.
C’est vrai que pour nous africains, les desserts dans les années 1940, devaient constituer un luxe, mais êtes-vous sûr que les tirailleurs sénégalais avaient droit à la tartre normande aux abricots ? Aux mille feuilles ? À la crème brulée ? À la glace aux cookies thermomix ? Au tiramisu ? ou avaient ils droit à la Banane ou aux pommes ?
Si pour vous, mesurer notre degré d’amitié avec la France, lors de la période sombre de la colonisation, se limite à être chouchouté en offrant des desserts, seulement aux tirailleurs sénégalais d’origine sénégalaise, alors là, monsieur le Président, la colonisation est donc si positive, pour que vous accordiez à la France , pays ami, autant d’égards ?
Car je rappelle que depuis votre accession au pouvoir en 2012, au nom de l’émergence, la France reprend du poil de la bête avec la réouverture des bases militaires, des contrats pharaoniques pour la construction du Train Express Régional avec Alstom, une entrée en Force de TOTAL pour l’exploitation de notre pétrole, où d’ailleurs, le pauvre ministre de l’énergie Thierno Alassane SALL a été "défenestré" pour oser défendre les intérêts du Sénégal face à l’ancien colonisateur, la société Eiffage qui étale toute sa puissance sans coup férir devant une autoroute à péage coûteuse et mortelle et je pourrais vous citer encore beaucoups d'autres exemples.
En décembre 2016, quand vous étiez reçu en grande pompe à l’Elysée, vous vous êtes permis de dire au président François Hollande que notre monnaie ( le Franc des Colonies Françaises d'Afrique, FCFA) fabriquée et contrôlée par la France est une très bonne monnaie. Cette déclaration est-elle anodine ? Au moment où les jeunes africains avec Kémi Séba en tête, tentent d’empêcher à nos Etats africains de payer encore des impôts coloniaux (via les comptes d’opération logés auprès du trésor français) en se soustrayant de cette colonisation monétaire.
En France monsieur le Président, nous sommes nombreux à nous battre au sein des associations pour commémorer et aduler nos tirailleurs qui pour certains se voient encore refuser la nationalité Française par la France, pays ami, heureusement que Aïssata Seck adjointe maire à Bondy n'en démord pas pour les faire naturaliser.
La colonisation Monsieur le président Macky SALL, est moralement et spirituellement indéfendable comme dirait Aimé Césaire.
Le camp de Thiaroye situé au Sénégal, qui a accueilli en novembre 1944, 1200 tirailleurs sénégalais, fut le théâtre d’un massacre abominable de soldats africains qui demandaient juste à la France le paiement de leurs indemnités et soldes lors d’une manifestation. Officiellement 35 voire 70 africains dont des sénégalais sont froidement exécutés par l’armée française là où d’autres historiens parlent de centaines de morts.
Monsieur le Président vous avez une drôle de vision de l’amitié, les tirailleurs sénégalais morts aux combats avec leurs amis français ou qui ont échappé à la mort avec un œil en moins, une jambe en moins, touchaient en 2006 une pension de 193 euros là où le français empochait 460 euros. La décristallisation des pensions initiée en 2006 est arrivée à une période où il ne restait pratiquement plus de tirailleurs sénégalais.
Tout cela pour vous dire Monsieur le président de la République qu’il est peut-être temps de changer votre fusil d’épaule sur votre vision de l’amitié avec la France car comme le stipulait Frantz Fanon :
« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir », Sékou TOURE, Kouamé NKRUMAH, Thomas SANKARA, Nelson MANDELA ont rempli leur mission de résistance face aux colonisateurs. A Charge pour votre génération maintenant, Monsieur le Président, de regarder les dirigeants français, droit dans les yeux, pour un partenariat gagnant gagnant, qui mènera à coup sûr le continent africain et le Sénégal vers l’émergence à laquelle vous tenez tant.
Lamine DIAKHATE, citoyen et militant engagé pour l’Afrique et le Sénégal
Animateur du plateau du Sénégal sur Radio galère Marseille