C’est avec une profonde tristesse que je me vois contraint de me tourner vers vous, Antonio Gutteres, Secrétaire Général de l’Organisation des nations-unies (ONU), pour vous alerter sur ce scandale. Un gros. Diversifié. Grave. Il mêle le gouvernement du Sénégal, des affairistes, au détriment des populations rurales du Sénégal et, ce qui vous concerne, l’une des agences du système Onusien -le mal-nommé Programme des nations-unies pour le développement (PNUD).
Je ne vous connais pas personnellement mais nos chemins se sont croisés en juin 2016 à Londres lors de la conférence annuelle de Chatham House. Souvenez-vous: vous y étiez venu plaider avec éloquence votre candidature pour diriger l’organisation universelle. Un indice, me concernant: je fus, ce jour-là, celui qui avait dérouté la salle en disant à l’élite qui s’y trouvait que Trump pouvait gagner l’élection présidentielle américaine quand tout le monde spéculait déjà sur les conséquences de la victoire inéluctable de Hillary Clinton.
Ce n’est pas pour ce pedigree que je vous écris mais bien parce qu’il vous faut vider le dossier criminel qui fait perdre, à l’heure où ces lignes sont couchées, le peu de crédibilité qu’il restait au Pnud non seulement au Sénégal mais dans le reste du monde.
Oubliés du Développement
De quoi s’agit-il ? C’est que, s’écartant de sa mission et profitant de l’impéritie, voire du complexe d’infériorité du régime médiocre de Macky SALL, l’alors représentante du Pnud au Sénégal, l’encombrante et comploteuse Madame Binetou Djibo, et son patron, le pouvoiriste Abdoulaye Mar Dieye, avaient amené le Sénégal à entrer dans un sulfureux, louche, décapacitant, partenariat pour concevoir et appliquer un projet pompeusement appelé Programme d’urgence pour le développement communautaire (PUDC). Sur le papier, c’était beau: il était question de voler au secours des pauvres, les oubliés du développement, privés d’eau, d’électricité ou de pistes, vivant donc au Moyen-Age dans le monde rural Sénégalais. Dans un contexte où le Pnud était sevré de contributions budgétaires par des États de moins en moins convaincus de son utilité, les parties contractantes décidèrent que le Sénégal financerait, à hauteur de centaines de milliards de francs cfa, le-dit PUDC. Chargé de superviser sa mise en œuvre, le Pnud, de ce qu’on en sait, était compensé avec un pourcentage de la somme totale et il recrutait, via sa plate-forme, professionnels et entreprises pour exécuter, en mode fast-track, dit-on au Sénégal, les divers projets retenus.
Cher Secrétaire-Général, c’est à partir de ce moment que des voix, plus ou moins avisées, commencèrent à tirer la sonnette d’alarme. Pour se demander au nom de quoi le Pnud devait-il être payé sur le budget de notre pays? Quelles étaient les garanties de transparence des marchés? Les risques de corruption? Les rétro-commissions? Le value for money? La due diligence ? L’équité ? L’utilité des projets? Leur durabilité?
Nulle réponse ne fut donnée par les parties prenantes enivrées par le sentiment d’avoir été les reinventeuses de la roue. Et s’en allant prêcher le...PUDC dans d’autres pays, comme au Togo, en disant, sans retenue, ni raison, que sa réussite était telle qu’il fallait le dupliquer ailleurs. Le Pnud New York, toujours plus activiste et magouilleur, promoteur du régime mafieux de Macky SALL, qu’il semblait avoir épousé, ne fut donc pas en reste: il décerna un de ces prix bidon a son bébé sénégalais sans se rendre compte qu’il grandissait en monstre crapuleux. En refusant de voir la réalité.
Le Pnud, tout a ses certitudes non justifiées, prit même sur lui d’être l’un des co-organisateurs du premier groupe consultatif du Sénégal en février 2014 a Paris pour mobiliser les financements, par la dette, du grand projet dit PSE, dont l’ambition n’était ni plus ni moins que de conduire le Sénégal à...l’émergence en 2035.
Abdoulaye Mar Dieye se déchaîna, là aussi, et de sa voix complaisante, en intrigant XXL, donna l’air que le Pnud, pourtant fauché, pouvait accompagner le Sénégal sans se soucier, ici aussi, des risques de dérapages corruptogenes.
Point de rupture
Plus il sortait de sa mission d’agence de simple appui-conseil au développement plus le Pnud entrait au cœur des activités politiciennes du Sénégal et se faisait le complice des détournements que les projets du Pudc et du Pse représentaient.
Il faut que vous sachiez, Monsieur le Secrétaire Général de l’Onu, que nous sommes arrivés à un point de rupture, un tipping point, et, pour l’honneur de l’ONU, il n’est plus possible de faire le mort sur ce scandale à tiroirs montant et dégoulinant de partout.
Sous la dictée des dirigeants mafieux du Sénégal, le mandat de la très magouilleuse Binetou Djibo, au mour et au foulin, dirait une de mes connaissances, fut prolongé. Le PUDC se révèle non pas en accélérateur du développement mais en mirror aux alouettes pour les pauvres ruraux, tandis que les sous du maigre budget de l’Etat du Sénégal ont été massivement pillés, volés, détournés, sans pitié par tous ceux qui ont eu à toucher à cette affaire. Derrière les théories de gouvernance et de désenclavement, grandiloquentes, ce fut la curée. La preuve? Celui qui occupait le poste de Secrétaire d’Etat chargé du PUDC, la grande gueule Souleymane Jules Diop, est sous le...lit, aux abris, sa tête étant mise à prix par les fast-trackeurs, pressés de le passer à la moulinette de la rendition des comptes.
Amie proche d’un ancien dictateur, son compatriote Blaise Compaore, qui lui faisait des cadeaux de temps à autre, la Binetou, est partie vers d’autres cieux en laissant derrière un tas de...merde puisque les entrepreneurs recrutés dans des conditions louches, sans doute pour rétrocéder une partie des sous, sont sur le carreau: le Pnud, impécunieux, leur doit des milliards. C’est la quadrature du cercle. L’Etat du Senegal, aussi désargenté, leur demande de transférer leurs dettes dues vers lui*. Méfiants, ils refusent. Casse-tête chinois complet. Surtout que même la direction nationale du Pudc est aussi nid de vipères, privilégiant familles, copains, militants et coquins...cyniquement, dans cette vaste arnaque!
Doublon de la Banque Mondiale
Jamais, en réalité, le Pnud ne devait se faire le complice d’une si grave magouille. C’est sa chaîne de commandement depuis New York qui est fautive jusqu’à son sous sol dans ses bureaux établis au Sénégal.
Ce que pose la catastrophe du PUDC, c’est la raison d’être du Pnud même. Déjà, dans la nécessité de revoir l’architecture du système onusien et celle de la finance internationale, nombreux sont ceux qui se demandent si le Pnud n’a pas excédé sa durée de vie? Créé en 1966, en même temps que la Cnuced et qu’étaient adoptés les Pactes sur les droits civils et politiques, alors que les nouveaux pays indépendants du tiers-monde revendiquaient un droit équitable au développement, début des nouveaux ordres escomptés, le Pnud était né comme un doublon à l’action théorique de la banque de reconstruction pour le développent international, la banque mondiale.
Il n’a jamais pu se trouver une vraie niche, se trouvant réduit à jouer les opportunistes: dès qu’une idée surgit, il s’en empare, pour exister. Sauf qu’après la fin de la guerre froide, au lieu de se reconnaître en simple boîte à idées simple, Think-Tank, il maintint son statut et son dispendieux train de vie. En croyant que son indice de développement humain, l’une de ses trouvailles, ou sa promotion des théories sur la capacité, comme socle du développement, voulue par le Prix Nobel Amartya Sen, et, surtout, son activisme autour des objectifs du Millénaire (Omd puis Odd), suffiraient à lui donner le lustre qu’il n’a jamais pu avoir.
Que nenni !
Le Pnud, embourbé dans des missions dont il n’a ni les moyens ni la légitimité, est devenu une institution bonne pour la ferraille. Où il devrait rejoindre les grosses cylindrées, ses voitures énormes et chères, unique distinction du développement qu’il vit sur le dos des peuples, ses fatiguées vaches à lait.
Voici trente ans, me recevant dans ses bureaux, à One UN Plazza, à New York, son Administrateur d’alors, l’Americain William Drapper III*, n’avait pu justifier la raison d’être du Pnud. Peu après l’un de ses directeurs Afrique les plus charismatiques, le Burkinabe Pierre Claver Damiba se trouva mêlé dans une magouille financière rapportée par la grande presse américaine, sur CBS, avant qu’il ne sombra dans une tragédie meurtrière qui le fit assassiner son épouse, une représentante du Pnud en Afrique.
Plus que jamais le Pnud, soap-opera risible et coûteux, doit être liquidé. Ce serait l’unique service que le PUDC apporterait s’il contribuait à en accélérer le processus...
Monsieur Antonio Gutteres, agissez, le Pnud nous fatigue et nous pille de mèche avec des criminels ! Son pompeux statut de coordinateur des actions du système onusien dans les pays où il se trouve n’a fait que renforcer son hubris qui a finit par le rendre dangereux et anti-développement, empêchant la graduation de ses États-clients. Le Pnud doit donc reposer définitivement. Du sommeil même injuste. Qu’il mérite après mauvais services ! L’action judiciaire autour du PUDC ni les révélations le concernant ne peuvent, eux, pas s’estomper...