A neuf mois des élections présidentielles de février 2019, l’actuel président de la République, par une diablerie dont il a le secret, a décidé de modifier les dates du calendrier. Après la loi sur les parrainages cela devient une habitude de modifier les règles du jeu. Ainsi juin est-il devenu le mois de décembre et Macky Sall, sa hotte remplie de cadeaux, sillonne le pays dans son traîneau tiré par une paire de chameaux. Non pas, pour récompenser les enfants sages, mais pour apaiser la grogne sociale qui sévit chez leurs parents et anesthésier les plus contestataires d’entre eux. Il ne vous a pas échappé, en effet, que Macky est candidat à sa réélection.
Non, vous n’avez pas rêvé, le Sénégal fête déjà Noël, et on régale dans les chaumières.
Hippocrate s’en retourne dans sa tombe
Ainsi, aux personnels de l’éducation et de la santé, ce chef d’Etat déguisé en père Noël, a offert quelques avantages financiers destinés à faire bouillir le riz dans la marmite. Quand aux étudiants, très remontés après la mort violente de l’un des leurs, il a décidé d’augmenter le montant de leurs bourses et des aides sociales. Mieux, il a demandé qu’on baisse le prix des tickets repas et des moyens de transport. S’agissant des grévistes enseignants et médecins une solution a été trouvée. Pour les premiers, par le relèvement des indemnités de logement et pour les seconds en augmentant l’indice salarial et prochainement leur point retraite. Du coup ces honorables praticiens se sont souvenus qu’ils avaient prêté serment, ont remis leur blouse blanche, et ont accepté de s’occuper à nouveau de leurs patients. Hippocrate peut à nouveau dormir tranquille.Parvenir à étouffer la rébellion dans l’œuf nécessite un réel talent de prestidigitateur.
Selon le principe des vases communicants
Mais pourquoi mégoter, quand l’argent distribué ne sort pas de votre poche mais de celle des contribuables. L’artiste se fait pique-pocket et cela s’appelle un transfert « gagnant-perdant ». Coût de la facture : près de 8 milliards CFA. Le prix à payer pour s’assurer un second mandat présidentiel ? Au diable l’avarice et les avaricieux. Ce tour de passe-passe va sans doute nécessiter une révision de la loi de finances pour faire face à ce dérapage budgétaire, car tout père Noël, qu’il est, Macky Sall n’est pas un alchimiste et n’est pas encore parvenu à transformer le plomb en or.
Question subsidiaire : Est-on certain que l’année prochaine le père Noël sera toujours le même ? Interrogé, son successeur n’envisagerait pas de réclamer les cadeaux généreusement et imprudemment distribués aujourd’hui.
So-Ho