Souvenons-nous, il y a encore deux mois ils étaient plus de quatre-vingt à postuler à la succession de Macky Sall. Ils ne sont plus désormais que vingt-sept à avoir déposé leurs parrainages au Conseil constitutionnel à la date de clôture des dossiers, le 26 décembre à 00 heures.
Encore 27 me direz-vous, ce n’est pas mince. Sans doute la plus haute instance juridictionnelle au vu des pièces fournies en éliminera-t-elle encore quelques-uns. N’empêche, il en restera encore suffisamment pour faire de l’ombre au chef d’Etat sortant et le mettre en difficultés en février prochain.
Et parmi ceux qui ne brigueront pas l’investiture suprême, Ibrahima Thiam, jeune quinquagénaire franco-sénégalais, secrétaire général de l’INSERM, l’un des plus importants instituts de recherche européen. Président du mouvement « Autre Avenir » qu’il a fondé voici seulement un an celui-ci n’a pas négligé ses efforts en sillonnant le pays, en se produisant sur les plateaux de télévision, en répondant à de multiples interviews et en accompagnant ses militants dans une vaste campagne d’explications.
Il a donné l’espoir à beaucoup de Sénégalais, notamment les jeunes, qui voient en lui l’image du renouveau, l’arrivée d’une nouvelle et jeune génération politique. Il lui aura manqué seulement quelques milliers de soutiens et beaucoup regretteront sa présence dans la dernière ligne droite. Sa voix va manquer dans le débat public.
Mais en lisant son communiqué, annonçant son retrait, on comprend bien, pour paraphraser une citation célèbre, que s’il estime « avoir perdu une bataille il n’a pas perdu la guerre ». En clair il concède une manche, un round, comme on voudra, mais il n’est pas KO debout. Et nul doute qu’il va très vite rebondir et remonter sur le ring.
Il pourra notamment compter pour cela sur le livre qu’il vient de publier et qu’il va présenter officiellement dans les jours qui viennent à Dakar « Pour un nouveau souffle pour le Sénégal » dans lequel l’auteur, s’il se montre très critique à l’égard du pouvoir en place, est aussi source de propositions dans tous les domaines essentiels de la vie du pays : économie, culture, éducation, justice, tourisme, santé, environnement, etc.
Un diagnostic lucide, éclairé, suivi d’une ordonnance pour remettre le pays en mouvement, lui offrir une nouvelle ambition économique en même temps qu’une plus grande justice sociale.
Peu de candidats restant en lice ont fait un tel effort de réflexion dans l’élaboration d’un projet pour une société plus démocratique et où une place plus grande sera faite aux jeunes en même temps qu’une vraie reconnaissance des plus déshérités. A travers les lignes de son ouvrage, où il ne cache pas son ambition pour le pays, on peut dire sans risque de se tromper qu’un nouveau leader politique est né au cours de cette campagne présidentielle. Un leader qui demain comptera à coup sûr parmi les principaux chefs de l’opposition et qui va dans les mois qui viennent implanter son mouvement « Autre Avenir » en profondeur dans le pays et former des cadres, hommes et femmes, qui seront présents lors des prochaines consultations électorales.
Finalement, la surprise de cette élection présidentielle, ne sera pas la réélection possible de Macky Sall mais résidera dans l’émergence d’un homme, et de son mouvement, dont les Sénégalais n’ont n’a pas fini d’entendre parler et à qui Ibrahima Thiam compte bien proposer un nouveau souffle pour l’avenir.
So-HO