La compagnie aérienne sénégalaise à eu du mal à décoller mais depuis lundi elle a enfin pris son envol. Des premiers battements d’aile timides puisque celui-ci s’est effectué entre Dakar et Ziguinchor en Casamance. Et en fait de passagers ce sont surtout des agents de voyages qui ont inauguré le trajet à bord d’un des deux ATR 72 de la compagnie. Il faut dire que jusque-là les avions étaient maintenus au sol dans l’attente du Permis d’exploitation aérienne (PEA) indispensable avant de quitter le tarmac et de s’élancer sur la piste.
Or comme au football ou le but est de mettre le ballon au fond des filets l’objectif d’une compagnie aérienne est de mettre en l’air ses aéroplanes et pas de les laisser dans les hangars.
Grâce à ce premier vol commercial la fierté nationale sénégalaise peut s’enorgueillir d’un tout nouvel aéroport « Blaise-Diagne » et d’une flotte nationale qui, a terme, devrait compter deux Airbus A330 (long-courrier) achetés en leasing, deux A319 (liaisons régionales) et d’un prêt d’un autre A319 par Air Côte-d’Ivoire dans le cadre d’un partenariat commercial.
Reste maintenant à récupérer à Corsair les droits qui lui ont été concédé pour assurer la liaison Dakar-Paris. Et là, ce serait le pied à … 30 000 pieds (altitude de croisière)
Les mauvaises langues diront qu’il y a eu du retard à l’allumage et c’est vrai que ce lancement officiel arrive cinq mois après la date initialement prévue. Mais ne dit-on pas « tout à vient à point à qui sait attendre ». Et s’agissant de conditions de sécurité on se gardera de toute critique. On peut cependant regretter que la mise en œuvre de ce projet, près de deux ans, ait permis à des concurrents comme Air Côte-d’Ivoire et ASKY Airlines de créer un réseau en Afrique de l’Ouest et du Centre au détriment du pavillon national sénégalais.
Reste maintenant à espérer que cette énième « renaissance » d’Air Sénégal sera la bonne et que la compagnie ne disparaîtra pas mystérieusement des écrans radar à l’avenir. Pour l’heure le programme d’exploitation est encore modeste et ne prévoit qu’une desserte quotidienne unique sur la ville de Ziguinchor. Il va falloir très vite aux dirigeants mettre les gaz et pousser les réacteurs, surtout s’ils veulent que le slogan d’Air Sénégal « Le ciel est encore plus beau » soit pris au sérieux. C’est peut-être poétique sauf que pour l’instant le ciel en question appartient plus aux oiseaux qu’aux avions sénégalais …
Je terminerai cette chronique par une question à Philippe Bohn* qui dirige la compagnie Air Sénégal
- Vous n’auriez pas un peu copié le slogan d’Air France (1999) « Faire du ciel le plus bel endroit de la terre » ?
Moi, j’aurais été vous, j’aurais plutôt choisi : « Avec Air Sénégal, les sénégalais prennent leur envol » ou : « Avec Air Sénégal, le Sénégal décolle économiquement ». D’abord vous évitiez un copier/coller et surtout la compagnie aérienne doit être un outil privilégié de développement économique du pays afin de favoriser sa croissance et son émergence sur le sol africain. La poésie c’est bien, le réalisme c’est mieux.
So-Ho
Nota Bene : * Si vous décidiez d’échanger votre slogan pour l’un des miens, je vous cède volontiers les droits d’auteur.