Dès la levée du jour, mon voisin "Ndiobéne" me fera comprendre que désormais, il n'acceptera plus l'étiquette "gargantua" que nous lui collons rien qu'en voyant sa main qui piaffe comme un cheval devant un bol de riz. Les "ndiobéne", les plus éprouvés par le jeûne en ce mois bénis de ramadan Intenables et insatiables que sont devant le « manger ». Cette digression taquine pour interroger le rapport que les Sénégalais entretiennent avec "l'apparence".
Indubitablement, mon pays est si beau et fabuleux à cause des contrastes. D'abord, le dialogue y est intemporel car nous avons hérité une civilisation de l'oralité dont le socle repose sur la règle magique des plaisanteries de cousinages, ciment de notre convivialité. La tolérance justifie notre "Téranga", label unique sénégalais. Et ce, depuis des siècles. Demain, nous entamerons le jeûne dans la division, certes une normalité naturelle, ignominieusement précédée par ce débat sur le port du voile à l'Institut Sainte Jeanne d'Arc Dakar. Une prestigieuse école privée catholique qui a formée autant d'élites musulmanes et non musulmanes, religieuse et a-religieuse. Bref des humains qui ont servi l'humanité.
Une polémique qui a incommodé plus d'un et amplifiée par certains religieux qui ne s'intéressent qu'à la périphérie de leur religion. Une polémique stérile sous la coupole d'une presse se donnant la vocation de trancher sur les questions religieuses. Voilà où nous en sommes maintenant. Mais aucune surprise dans cette société d'apparence, où tout est ostentatoire. En ce mois béni de ramadan qui va démarrer avec une forte ferveur, toutes les catégories de la société se signalent.
Si certains prêcheurs religieux occupent les médias pour nous rabattre sur le droit chemin, ils pêchent d'emblée au niveau de la forme. Car des publicités mensongères sponsorisent leurs émissions. De l’autre côté, les bienfaiteurs circonstanciels distribueront la nourriture aux badauds et aux nécessiteux en faisant mijoter des marmites bonéolente.
Et pourtant, combien de talibés trépassent à cause des traitements inhumains infligés par des "Oustaz" sans aucun commentaire audible de ceux qui sont vent debout contre le "port du voile" dans un domaine privé ? Nous musulmans, avons-nous construit des centres pour soigner, nourrir gratuitement des personnes désœuvrées ? Et pourtant, nous détenons les puits de pétrole.