Si l’adoption récente par les députés d’une loi instituant le parrainage pour tout candidat à l’élection présidentielle apparaît comme une aubaine pour les aficionados du clan Macky Sall, à l’inverse pour l’opposition, elle tombe comme "un cheveu sur la soupe ". Et ce qui est vrai, pour des raisons d’hygiène, dans une salle de restaurant l’est également à propos de la démocratie, l’hygiène s’apparentant ici à un déni de justice. Une chose est certaine, il n’y a qu’en politique qu’on peut voir une telle tambouille, que même le plus mauvais cuisinier n’oserait pas afficher sur sa carte, au risque de faire fuir la clientèle. Il y a d’ailleurs fort à parier que lors de l’échéance présidentielle de 2019, des milliers d’électeurs écœurés par ce genre de manœuvre politicienne, préfèreront se détourner des urnes.
L’abstention y gagnera, mais la démocratie y perdra.
Quant à faire un parallèle avec le sport, n’y pensons même pas. Cela reviendrait à imaginer qu’on pourrait annoncer aux joueurs, encore présents dans les vestiaires, que les règles de la partie, qu’ilss’apprêtent à jouer, viennent d’être modifiées et qu’elles seront de rigueur sur la pelouse au cours des 90 minutes suivantes. Il y a de quoi halluciner !
Que l’on se rassure ! Si une mauvaise recette peut provoquer une indigestion, elle empoisonne rarement le client. Ce tour de passe-passe électoral signifie que le pouvoir en place redoute le résultat qui pourrait sortir des élections en février 2019. Un pouvoir aux abois qui sentant la victoire lui échapper, n’hésite pas à commettre des fautes comme une équipe sportive en perdition, qui par ses crocs-en- jambe, oblige l’arbitre à distribuer des cartons jaunes ou des cartons rouges.
Sauf que là, l’arbitre en question, le Conseil constitutionnel, saisi d’un recours par l’opposition, a préféré, tel Ponce Pilate, s’en laver les mains, et telle une vierge effarouchée, détourner le regard. Pudiquement diront certains, cyniquement penseront d’autres, « estimant qu’il était incompétent » pour trancher le nœud gordien. Quel aveu de faiblesse de la part de la haute cour, sous couvert d’argutie juridique.
En agissant ainsi, les dirigeants actuels n’ont d’autre objectif que d’évincer de la consultation électorale qui s’annonce un certain nombre de candidats. D’ici quelques semaines, on verra si cette manœuvre grossière a réussi. On peut déjà faire le pari que oui, du moins en partie, car tous les postulants ne parviendront sans doute pas à réunir les quelques cinquante deux mille signatures nécessaires. Macky Sall compte ainsi déblayer le terrain en s’inspirant du jeu de bonneteau, sauf que là, les électeurs ne sont pas dupes. Ces spéculations hasardeuses pourraient d’ailleurs se retourner contre lui tel un effet boomerang. Et comme il faudra encore faire le ménage parmi les rescapés de ce jeu de massacre, il y a gros à parier que des demandes en nullité ne manqueront pas d’être soulevées quant à la réalité des signatures recueillies par les uns et par les autres.
Pour se mettre à l’abri d’une mauvaise surprise, nous ne voyons qu’une solution : engranger une dizaine, voire une quinzaine de milliers de signatures supplémentaires, et ainsi écraser dans l’œuf toute contestation future. CQFD !
Question : Vous avez dit démocratie ?