L'histoire nous a enseignés que la normalité chez les hommes politiques est une anormalité régulée à des degrés par des institutions fortes qui garantissent l'équilibre des pouvoirs. Après avoir tourné le dos au Pds, Macky Sall a pris conscience comme beaucoup de Sénégalais que le système de gouvernance dont il est une des victimes parmi tant d'autres, était un goulot d'étranglement à toute aspiration de développement. Que les Sénégalais en avaient marre d'un président bâtisseur doublé d’un génie politique et visionnaire, mais qui s'employait continuellement comme un prestidigitateur à user des tours de passe-passe qui déstructuraient et annihilaient nos institutions au profit d'un clan.
Ainsi en homme blessé, Macky Sall a eu le flair d'inviter les Sénégalais dans un cadre politique afin de les proposer une autre vision nouvelle, en phase avec la gouvernance moderne. Ayant compris plus que les autres du dégoût des Sénégalais de la méthode des Wade, le candidat Sall a été l'un des plus grands théoriciens de la bonne gouvernance que sur le papier et à l'oral. Ce qui est une vraie rupture par rapport au monde ancien.
Ayant le sens des slogans qui éveillent les consciences et suscitent l'admiration, l'espoir et l’empathie, Macky Sall avait réussi à conquérir le cœur des sénégalais. Mais à l'épreuve du pouvoir, les Sénégalais se sont rendu compte qu'une alternance ne change pas forcément la donne. Macky Sall est vrai élève de Wade.
Le système de gouvernance qu'il refuse de changer a fini par effilocher l'image d'un président qui se voulait normal dans une République irréprochable. Mais avec un système archaïque aux antipodes des exigences de la démocratie modernes, Macky a pris un coup de vieux. Le système l'a enlaidi, et l'a pris en tenaille dans des calculs politico-politiques, orientés par un deuxième mandat dont les enjeux sont plus personnels que programmatiques. En sept ans de pouvoir, le président Sall n’a été rien d'autre que "politique", en s’obstinant à faire fi de cette règle essentielle de la démocratie : la rotation des hommes et des idées. Il est aidé en cela par un système qui est censé "empêcher" à tout homme d’user et abuser de son pouvoir.
KMNGN