Afrique-Chine, gagnant-gagnant ou marché de dupes ?

Au début du mois de septembre plus de 50 dirigeants africains se sont réunis à Pékin à l’occasion du Forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC). Une façon de confirmer la stratégie chinoise à un moment où ce pays est le premier partenaire commercial du continent. Ce qui n’est pas sans poser de questions.

Il est vrai que Xi Jinping, tel un joueur de poker, joue gros en mettant sur le tapis vert quelques 60 milliards de dollars en faveur du développement de l’Afrique. Avec bien sûr l’arrière-pensée de rafler la mise à la fin de la partie.

Il est tout aussi vrai que dans le cadre des nouvelles routes de la soies les projets chinois (3000) sont importants en Afrique comme les lignes de chemin de fer en Ethiopie et au Kenya, les ports, etc. Une raison à cela, voici vingt ans que la Chine recherche des ressources naturelles et des matières premières sur le continent africain. En échange de quoi elle construit des infrastructures massives (y compris sa première base militaire à l’étranger, à Djibouti, qui accueille 5000 soldats) et soutient les secteurs pétrolier et minier en échange d’accords commerciaux avantageux.

Aujourd’hui on n’hésite plus à parler d’une « communauté de destin Chine-Afrique » en occultant au passage l’endettement faramineux de l’Afrique vis-à-vis des Chinois. Des chinois qui comme tous bons banquiers ne manqueront pas de réclamer à leur débiteur le paiement des intérêts. Quant au remboursement du capital c’est une autre affaire.
Finalement l’Empire du milieu ne fait qu’appliquer une règle bien connue : la nature a horreur du vide et ce vide ce sont les occidentaux qui l’ont laissé derrière eux permettant à la Chine de gagner ainsi de nouveaux alliés sur la scène internationale. A l’Union européenne de se ressaisir, en particulier les anciennes puissances coloniales que sont la France et le Royaume-Uni. Il est encore temps mais d’ici peu il sera trop tard.

Et comme une bonne nouvelle ne vient pas seule, le président Macky Sall a annoncé que le prochain forum se tiendra dans trois ans au Sénégal. Avec, ou sans lui, car il ne saurait oublier que l’année prochaine, en février, il devra se soumettre au verdict du suffrage universel et donc se démettre si le sort des urnes lui est défavorable.

So-Ho