Chronique hebdomadaire de So-Ho
Pas sûr que Macky Sall ait bien fait d’appeler à la rescousse Robert Bourgine « Monsieur Françafrique ». Pas certain non plus que Emmanuel Macron ait eu raison, si cela est avéré, d’envoyer cet homme de réseaux porter « la bonne parole » au profit de l’actuel chef de l’Etat.
Un chef de l’Etat démonétisé au cours actuel du franc CFA,
Un chef de l’Etat déconnecté qui vient de s’offrir une limousine de luxe à plus d’un milliard de franc CFA alors que le pays souffre cruellement d’une pénurie d’eau potable et que les systèmes de santé et d’éducation laissent à désirer.
Les africains en général, et les sénégalais en particulier, n’en peuvent plus de ces missions parallèles de l’ancien colonisateur, de ces actions de lobbying, pour ne pas dire de l’ombre, dans les coulisses, où l’on cherche à influencer les électeurs comme si ceux-ci n’étaient pas suffisamment majeurs pour décider de leur avenir.
Quand donc les européens en général, les français en particulier, considéreront que les Etats africains sont matures et souverains et que c’est leur rendre un très mauvais service que d’intervenir dans leurs affaires intérieures. Le temps du « pré carré » appartient au passé et la ficelle est un peu grosse qui vise à faire réélire Macky Sall, candidat idéal de l’Elysée. Même si c’est par défaut, plus que par adhésion.
Si d’aventure le sort des urnes lui était défavorable, quel camouflet pour l’actuel représentant de la cinquième République. Le président élyséen devrait alors faire amende honorable et composer avec le nouveau maître du Sénégal. Un chemin de Canossa, autrement dit un véritable calvaire.
Il est loin le temps où Macky Sall réclamait « un gouvernement sobre et vertueux », et revendiquait « la patrie avant le parti ». En clair, l’arrivée d’un nouveau monde et l’effacement du vieux monde incarné par Abdoulaye Wade, « le vieux ». Népotisme, clientélisme, autoritarisme sont devenus les maîtres-mots du régime actuel. Où sont les promesses d’une démocratie retrouvée et d’un Etat de droit renforcé ? Aux oubliettes.
Les électeurs de 2012 ont le sentiment d’avoir été bernés, pour ne pas dire plus.
Macky Sall croit pouvoir surfer sur la vague en ayant éliminé par le truchement de la justice ses principaux opposants, aux premiers rangs desquels Karim Wade et Khalifa Sall. Pour autant, a-t-il partie gagnée ? C’est loin d’être sûr car d’autres voix à sa succession se font entendre. Des personnalités jeunes, ambitieuses, au bon sens du terme, pour qui la corruption est un fléau de nos sociétés, et bien décidées à porter haut des valeurs aujourd’hui récusées comme le sens du bien public, l’intérêt général et l’envie d’ancrer le Sénégal dans le 21ème siècle.
Comme on dit au poker, rien n’est joué, « les jeux ne sont pas faits ! »
So-Ho